ExclusifCovid-19 : « Des faillites sont à craindre parmi les TPE - PME » (Virgile Caillet, Union Sport & Cycle)

Retrouvez ici l’enquête de conjoncture  Publié le 16/03/2020 à 23:12
PDF - 329,49 Ko réalisée par l’Union Sport & Cycle sur les premiers impacts du coronavirus sur les entreprises du sport, des loisirs, du cycle et de la mobilité (mars 2020)

• Voir également dans l’espace « à lire également » : « Covid-19 : recul du chiffre d’affaires pour 80 % des entreprises sport / loisirs (Union Sport & Cycle) » ou en cliquant ici. 
• Une deuxième enquête flash de conjoncture a été lancée par l’Union Sport & Cycle le 23/03/2020.

« Donner aux entreprises les moyens de se remettre en ordre de bataille et imaginer des mesures de plus long terme » (V. Caillet, Union Sport & Cycle)

Comment réagissent les acteurs du monde du sport face à l’arrêt de leurs activités ?

Des problématiques immédiates de trésorerie »

« La situation est tellement inédite et surréaliste que la première séquence est celle du choc, dont nous commençons à peine à sortir. L’arrêté ministériel interdit pour beaucoup d’acteurs du monde du sport d’ouvrir leur magasin ou leur salle. Le premier moment a été de comprendre tous les enjeux, tout ce qui allait se nouer autour de cette situation de confinement.

Nous sommes deux acteurs de la Filière sport au sein de la cellule de continuité économique »

Se pose désormais la question de l’après. C’est important d’avoir une perspective collective. Nous commençons à échanger au sujet d’un plan de relance. Le ministère des Sports Gil Avérous, ministre des Sports de la Jeunesse et de la Vie Associative depuis le 23/09/2024. A succédé à Amélie Oudéa-Castéra, en fonction depuis le 20/05/2022, qui a brièvement occupé le poste de… s’est rapidement coordonné avec le ministère de l’Économie afin que la Filière sport & loisirs soit présente dans la cellule de continuité économique (CCE). Nous sommes deux acteurs de la Filière sport au sein de la CCE. C’est extrêmement important puisque cela signifie que culturellement, enfin, le sport est considéré comme véritable vecteur économique. C’est un point positif. Ensuite, cela va nous permettre de faire valoir nos positions, d’exprimer la spécificité des entreprises du sport.

À l’heure de la deuxième semaine de confinement, les problématiques liées aux entreprises se précisent un peu, notamment pour la trésorerie. Les acteurs du commerce ou de l’événementiel dans le sport ont été privés de la plus grande part de leurs revenus du jour au lendemain. C’est pour cela que ces acteurs font face à des problématiques immédiates de trésorerie.

Mais se posent également de nombreuses questions au niveau social. Cesser son activité entraîne directement des problèmes au niveau des charges et de l’organisation du travail (chômage partiel, congés, télétravail…). Ces enjeux touchent l’ensemble de notre filière, des clubs de football professionnel aux magasins saisonniers dans les stations de ski. Il convient donc pour les entreprises d’ajuster leurs charges par rapport à une situation complètement inédite. 

Faciliter l’accès à la pratique sportive sera un enjeu majeur de l’après-crise »

Il faut d’ores et déjà se poser la question de savoir comment gérer l’après-crise, comment redémarrer son activité. Le plan de relance est en train d’être discuté. Pour se projeter là-dessus, il faut avoir une position réaliste qui soit de nature à provoquer un électrochoc : donner aux entreprises les moyens de se remettre en ordre de bataille, mais aussi, en ce qui nous concerne, imaginer des mesures de plus long terme. Ce confinement fait apparaître un manque criant d’activité physique et sportive chez beaucoup de Français. Faciliter l’accès à la pratique sportive sera, j’en suis sûr, un enjeu majeur de l’après-crise. Et un enjeu essentiel pour notre filière. Le plan en est pour le moment à ses balbutiements.

L’e-commerce est-il une vraie solution à la vitalité des entreprises ?

La plupart des grands distributeurs d’articles de sport ont décidé de fermer leur site d’e-commerce »

Le sujet de l’e-commerce est un sujet assez sensible : on pourrait considérer qu’il y a une forme d’injustice, voire de concurrence déloyale entre des acteurs qui sont obligés de fermer boutique (arrêté ministériel du 15/03/2020) et d’autres qui peuvent continuer la vente en ligne. La plupart des grands distributeurs d’articles de sport ont décidé de fermer leur site d’e-commerce par mesure de précaution à l’égard de leurs salariés, mais également à cause des problématiques de livraison ou d’approvisionnement.

Cette question se pose également sur les sports de forme : les gens ont besoin de préserver un minimum d’activité pendant le confinement. Or, les salles de fitness, qui travaillent en BtoB « Business to business », désigne l’ensemble des activités marketing et commerciales nouées entre professionnels , ont l’obligation de stopper leur activité. C’est donc une catastrophe économique pour eux. Mais d’autres acteurs, en BtoC « Business to Consumer », désigne l’ensemble des relations qui unissent les entreprises et les consommateurs finaux, ainsi que les moyens techniques ou logiciels utilisés pour faciliter leurs… cette fois, voient leurs chiffres exploser, comme les vendeurs de matériels de fitness.

L’activité des entreprises chinoises commence à reprendre. Est-ce bon signe pour les sociétés françaises ?

Il y a encore deux semaines, en Chine, on était à 25 % d’activité au regard des mesures de confinement extrêmement rigides. Actuellement, l’activité est de 70 %. Ce sont des signes encourageants.

Le cas de la Chine nous offre un enseignement : l’activité de nos entreprises en France se fera de manière progressive. Il faut s’y préparer psychologiquement. Il n’y a pas de bouton on / off. Nous allons mettre plusieurs semaines à retrouver une activité normale. Certes, il faudra une relance d’activité très forte, mais il conviendra également d’être patient pour retrouver un fonctionnement normal.

La reprise de l’activité en Chine est également importante pour nos boutiques en France puisque cela signifie que le réapprovisionnement peut repartir.

Dans quelles conditions les entreprises pourront-elles relancer leurs activités ?

Nous prenons pleinement conscience qu’une entreprise a des interdépendances »

Pour le moment, il est impossible de savoir quand les entreprises pourront redémarrer leurs activités. Le gouvernement a, il y a quelques jours, adressé un message fort pour inciter les gens à continuer à travailler. Mais la situation est extrêmement délicate car nous avons des injonctions contradictoires entre rester chez soi pour assurer le confinement et aller travailler pour continuer à stimuler l’outil économique. Les deux demandes sont difficilement compatibles. Dans ce genre de moment, nous prenons pleinement conscience qu’une entreprise a des interdépendances : de l’approvisionnement, de l’emballage, des transports, de la logistique… c’est finalement toute cette chaîne qui nécessite d’être en activité. Lorsqu’une partie suffoque, toute l’activité en pâtit. Ainsi, quand bien même les dirigeants d’entreprises voudraient redémarrer leur activité, peut-être qu’ils n’auraient pas toute la chaîne mobilisable pour pouvoir se relancer correctement.

Craignez-vous que des sociétés du secteur sportif ne puissent reprendre leur activité ?

Une vraie solidarité entre les organisations patronales, salariales et le gouvernement »

L’Union Sport & Cycle participe à la cellule de continuité économique. Toutes les semaines, de nombreux ministres sont mobilisés pour ajuster au mieux et au plus près des entreprises les mesures de soutien. Incontestablement, le gouvernement a joué le jeu. Il y a une vraie solidarité entre les organisations patronales, salariales et le gouvernement, et une vraie volonté de maintenir en vie notre outil économique. Mais les entreprises du secteur sportif (événementiel, commerce, clubs…) ont été affectées en 14 mois par le phénomène des gilets jaunes, les mouvements sociaux face aux réformes des retraites, et désormais une pandémie…  Des faillites sont à craindre parmi les TPE et les PME. Si cette situation dure deux ou trois mois, même en décalant les charges dans le temps, cela sera invivable pour beaucoup d’entre elles. »

---

© News Tank Football - 2024 - Code de la propriété intellectuelle : « La contrefaçon (...) est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Est (...) un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une oeuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur. »