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Think Sport 2024 : « La démarche RSE a été au cœur de notre Coupe du monde » (J. Rivoal, France 2023)
Paris - Actualité n°339528 - Publié le 03/10/2024 à 12:15
« La démarche RSE
Responsabilité sociale des entreprises
a été au cœur de notre Coupe du monde, sur quatre axes : économie circulaire, formation et éducation, environnement et inclusion. Pour chacun d’entre eux, nous avions des actions très concrètes, comme le recyclage des déchets, des accords avec des banques alimentaires, la création d’un centre de formation des apprentis avec 1 400 places, etc. », déclare Jacques RivoalPrésident @ GIP France 2023 • Président @ FC2A , président du GIP France 2023Comité d’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 organisée en France.
, lors de Think Sport, le 03/10/2024.
« Impact économique, sociétal et environnemental : quelles leçons retenir des derniers grands événements sportifs internationaux (GESI
Grands Événements Sportifs Internationaux
) en France ? », tel est le thème de la première conférence de Think Sport 2024, huitième édition de l’événement annuel organisé par News Tank depuis 2017, qui a lieu à l’Hôtel des Invalides (Paris VIIe) en partenariat avec le CIC.
« Ce qu’il reste des Championnats du monde de ski alpin de Courchevel Méribel, avec le recul, c’est avant tout un programme sportif qui a pu se dérouler dans les meilleures conditions, qui a permis de tenir les 13 épreuves. On sait à quel point c’est difficile quand on est dans les activités de pleine nature. Il y a aussi les médailles françaises qui sont un élément incontournable d’un événement, et également un budget maitrisé qui a permis de laisser un héritage pour la promotion du ski », indique Perrine PelenDirectrice générale @ Comité d’organisation des Championnats du monde de ski alpin 2023 • Championne du monde 1985 de slalom.• Triple médaillée olympique- Bronze en slalom géant en 1980- Bronze en…
, directrice générale du comité d’organisation des Championnats du monde de ski de Courchevel Méribel 2023.
« Autant l’impact économique peut avoir des effets à très court terme, autant l’impact social et environnemental s’appréhende davantage sur le long terme. Sur l’impact environnemental, il convient de comparer tous les coûts immédiats, comme l’empreinte carbone, avec les coûts qui sont évités ou les coûts futurs qui sont supprimés, liés aux activités de sensibilisation qui sont réalisées », ajoute Florent BergmannManager des projets @ Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES) , manager des projets au CDESCentre de Droit et d’Économie du Sport de Limoges (France)
, également présent à l’occasion de cette première table ronde de Think Sport 2024.
« Un grand événement sportif est par essence une terre de compromis » (J. Rivoal, France 2023)
• Les mots crédibilité et respectabilité se sont imposés via la Coupe du monde de rugby 2023 organisée en France, et ce quelques mois après le désastre d’organisation de la finale de la Ligue des champions en 2022, un désastre sur tous les plans.
• La presse britannique s’était emportée et annonçait un nouvel échec pour la Coupe du monde de rugby et les Jeux Olympiques. Nous avions la pression d’organiser un événement parfait sur la mobilité, la sécurité, les transports.
• Ce grand événement a permis, dans un pays fragmenté, de ramener le côté festif. Seuls ces événements peuvent créer des élans aussi positifs et de joie collective.
• L’étude d’impact du cabinet EY fait ressortir quelques chiffres : 1,8 Md€ dépensés dans le tourisme. L’impact économique se base sur les 425 000 spectateurs étrangers, qui ont passé en moyenne 10 jours dans le pays, et dépensé 170 euros par jour en moyenne, au restaurant, au musée, etc. Cet impact est de 860 millions d’euros, un bel impact pour le pays.
• La démarche RSE a été au cœur de notre Coupe du monde, sur quatre axes : économie circulaire, formation et éducation, environnement et inclusion. Pour chacun d’entre eux, nous avions des actions très concrètes, comme le recyclage des déchets, des accords avec des banques alimentaires, la création d’un centre de formation des apprentis avec 1 400 places, etc.
• Le bilan carbone a été bas grâce à la reprise d’installations déjà existantes et l’utilisation de transports propres.
• Nous avons laissé en héritage la Coupe du monde de rugby fauteuil, reprise par les Jeux Paralympiques 2024. Nous avons créé un fonds de dotation avec un budget de 1M€, laissé en leg à la Fédération Française de Rugby.
• La France a organisé en un an deux des trois ou quatre plus grands événements sportifs du monde, et la Coupe du monde de rugby a été une sorte de tour de chauffe, notamment pour les acteurs de la mobilité comme la RATP, la SNCF, Aéroports de Paris, avec un sens du service civique impressionnant. Les étrangers ont vanté la facilité de se mouvoir dans notre pays.
• On parle beaucoup de compromis en ce moment, et un grand événement sportif est par essence une terre de compromis, entre sponsors, état, fédérations, collectivités… des acteurs avec des logiques différentes. C’est la mission du comité d’organisation de faire en sorte que tout le monde tire dans le même sens, et nous avons montré notre savoir-faire.
• Les Championnats du monde de ski alpin de Courchevel Méribel se sont déroulés en février 2023. Ce qu’il reste avec le recul, c’est avant tout un programme sportif qui a pu se dérouler dans les meilleures conditions, qui a permis de tenir les 13 épreuves. On sait à quel point c’est difficile quand on est dans les activités de pleine nature. Il y a aussi les médailles françaises qui sont un élément incontournable d’un événement, et également un budget maitrisé qui a permis de laisser un héritage pour la promotion du ski. Ce qui reste, c’est aussi le regard de tous ceux qui ont participé à l’événement : public, athlètes, bénévoles. Ils ont tous encore des étoiles dans les yeux.
• Nous avons eu l’honneur d’accueillir un état-major du CIOComité International Olympique (International Olympic Committee, IOC)
emmené par son président Thomas Bach. Cela lui a permis d’apprécier l’expertise de la France dans les sports d’hiver et l’organisation des grands événements. Quand on voit l’attribution des Jeux d’hiver Alpes 2030, nous sommes fiers d’y avoir contribué avec les Championnats du monde.
• Les Championnats du monde de ski 2023, c’est 15 jours d’épreuves réunissant 600 athlètes provenant de 80 pays. Nous avons recruté 1 200 bénévoles. Le budget de fonctionnement était aux alentours de 50 millions d’euros. En termes d’audience, la compétition totalise 1 000 heures de retransmission télévisée en direct dans le monde sur 20 marchés, avec un total de 100 millions de téléspectateurs.
• La filière montagne représente un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros chaque année et génère 120 000 emplois. Cet événement a vraiment été considéré comme une vitrine permettant une médiatisation XXL. Avoir 15 jours de beau temps a permis de valoriser la montagne française dans les meilleures conditions.
• Il n’y a pas de différence d’impact entre les deux stations. Les stations des Trois Vallées ont l’habitude de collaborer. C’était vraiment une collaboration extrêmement étroite avec un impact qui a dépassé largement le cadre des deux stations. Ces deux sites ont d’ailleurs été identifiés pour accueillir les épreuves de ski alpin des JO des Alpes 2030.
• Cet événement devait être utile aux acteurs de la montagne. L’idée a été de mettre en place un plan RSE ambitieux. Pour ce faire, nous avons mis en place un comité RSE pour lancer ce plan collaboratif avec les acteurs, les parties prenantes mais aussi des associations, les acteurs de la montagne. L’objectif était de définir ensemble un plan utile, légitime et crédible.
• Nous nous sommes aussi appuyés sur la Charte avec les 15 engagements éco responsables des organisateurs, initiés par le Ministère des Sports et WWF (ONG
Organisation Non-Gouvernementale
). On s’est engagé également à mettre en place, à l’occasion de l’épreuve test et de l’événement, des bilans carbone qui ont été extrêmement utiles et qui ont permis de crédibiliser la démarche. C’est tout un programme de sensibilisation à ces enjeux avec une mise en œuvre parfois un peu compliquée sur le terrain.
• Il y aussi l’enjeu de l’acceptabilité, de la démarche et des contraintes. Cela concerne notamment le fait d’avoir intégré un certain nombre de critères dans les cahiers des charges des appels d’offres : compteurs pour relever les consommations d’eau, consommations électriques. C’est aussi la mise en place de toute la démarche en faveur de l’accueil des personnes en situation de handicap. Ce sont des vrais challenges à la montagne.
• Méribel était le site d’accueil des épreuves féminines des Jeux Olympiques d’Albertville. Courchevel avait accueilli les épreuves de saut. On s’aperçoit que c’est toute une culture événementielle qui s’est installée à l’issue de Jeux Olympiques d’Albertville 1992. Quand on arrive sur les deux sites, on est accueilli par la flamme olympique.
• Au-delà des équipements existants, il y a toute une culture. C’est du soft power. Tous sont prêts à se mobiliser. C’est l’occasion, à l’échelle d’une station, de pouvoir travailler tous ensemble et de pouvoir se projeter, se moderniser. L’histoire de Courchevel Méribel 2023 va se prolonger avec les Jeux Olympiques d’hiver 2030. La flamme d’Albertville continue de brûler sur le territoire des Alpes.
Perrine Pelen, directrice générale de Courchevel Méribel 2023
Perrine Pelen
Directrice générale @ Comité d’organisation des Championnats du monde de ski alpin 2023
• L’impact économique correspond à l’ensemble des richesses qui sont créées sur le territoire pendant et après un événement. D’après nos calculs sur l’impact des Jeux de Paris 2024 sur la Région Ile-de-France, trois scénarios ont été dégagés :
un scénario dit « bas », à hauteur de 6,7 milliards d’euros d’impact économique,
un scénario intermédiaire à 8,8 Md€,
un scénario plus optimiste à 11,1 Md€.
• Ce qui fait varier les scénarios les uns par rapport aux autres, ce n’est pas vraiment l’impact de l’organisation elle-même. Si l’on reprend la dichotomie de ce qu’est l’impact, il convient d’identifier les grands éléments dépensiers sur le territoire où l’événement se déroule, et nous leur attribuons un apport monétaire conséquent. En l’occurrence en ce qui concerne les budgets, sur les dépenses qui sont liées à l’organisation et à la construction des infrastructures, nous sommes absolument sûrs de ce qui s’est passé, puisque toutes les données budgétaires sont fournies par l’organisation. Les interrogations se situent autour deux éléments :
L’impact des visiteurs : combien de visiteurs sont venus ? Quelles dépenses ont-ils réalisé sur le territoire ?
L’héritage : le rapport entre 1 euro apporté sur le territoire et ce que cet euro va créer dans le futur sur ce même territoire.
• Nos scénarios se basaient aussi sur le nombre de billets vendus. Ces données ont désormais été rendues publiques : le COJOPComité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques
a vendu environ 13 millions de billets. Ce qui nous amène entre le scénario d’impact intermédiaire et le scénario le plus haut, soit un impact économique des Jeux qui se situe entre 9 milliards et 11 milliards d’euros. Cette donnée sera à nouveau vérifiée dans le temps.
• Quantifier l’impact social est quelque chose de difficile à réaliser. Il est un peu plus aisé de le faire concernant l’impact environnemental, c’est finalement un calcul coût / avantage sur le long terme. Autant l’impact économique peut avoir des effets à très court terme, autant l’impact social et environnemental s’appréhende davantage sur le long terme.
• Sur l’impact environnemental, il convient de comparer tous les coûts immédiats, comme l’empreinte carbone, avec les coûts qui sont évités ou les coûts futurs qui sont supprimés, liés aux activités de sensibilisation qui sont réalisées.
• Pour l’impact social, c’est encore plus complexe. Le chercheur du CDES Jean-Jacques Gouguet travaille sur la désutilité sociale évitée : combien de coûts futurs évités pour 1 euro investi ? Cette façon de quantifier et celle sur laquelle nous tendons de plus en plus puisqu’elle permet de couvrir de multiples facettes et d’avoir une approche beaucoup qualitative en prenant en compte un ensemble d’actions. L’OCDEOrganisation de Coopération et de Développement Économiques
vient d’ailleurs de publier un guide pour évaluer l’impact social des grands événements sportifs internationaux qui part de ce principe là aussi.
Florent Bergmann, manager des projets au CDES
Florent Bergmann
Manager des projets @ Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES)