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ExclusifArabie saoudite / sport féminin : « Le sport m’a construite en tant que femme » (Laure Boulleau)

News Tank Football - Paris - Actualité n°247650 - Publié le 07/04/2022 à 14:00 -
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Laure Boulleau et Lama Alfozan, à Riyad (Arabie saoudite), le 31/03/2022 - ©  D.R.

« Les valeurs du sport sont infinies. On apprend beaucoup en pratiquant notamment un sport collectif : la confiance en soi, le respect des autres, le respect des règles, le vivre ensemble, etc. J’ai eu des blessures, on apprend également à ne rien lâcher. Le sport m’a vraiment construite en tant que femme », déclare Laure Boulleau, le 31/03/2022.

L’ex-joueuse internationale (65 sélections avec l’équipe de France de football), aujourd’hui consultante pour Canal+ Création : 1984 Secteur d’activité : télévision payante et gratuite ; agrégateur et distributeur de chaînes, coproduction, acquisition et distribution cinématographique Actionnariat : Vivendi… , participe à une conférence sur « le sport comme outil de développement des femmes », organisée au sein de la Prince Sultan University de Riyad, en Arabie saoudite. Elle revient sur son expérience de sportive de haut-niveau confrontée à l’évolution du football féminin en France et en Europe, dans le cadre d’un échange avec deux personnalités du sport saoudien : l’escrimeuse Lama AlFozan, membre du board de la Fédération d’escrime et de la commission des athlètes du comité olympique local (SAOC / Saudi Arabian Olympic Committee), et l’ex-boxeuse Rasha AlKhamis, vice-présidente de la Fédération de boxe et membre du comité des femmes du SAOC.

« Quand j’ai commencé l’escrime il y a huit ou neuf ans, il y a avait peut-être 50 athlètes féminines dans tout le Royaume. Aujourd’hui, je me réjouis de voir qu’il y en a plus de 4 000. Nous commençons à avoir des infrastructures, ce qui n’était pas le cas auparavant. Nous avons une vision, un objectif, grâce au soutien du ministère des Sports et du SAOC qui veulent proposer ce qu’il y a de mieux pour les athlètes en termes d’accompagnement. Nous ne voulons pas seulement participer, nous voulons gagner une reconnaissance internationale », affirme Lama AlFozan, spécialiste de l’épée.

« J’ai commencé la boxe durant mes études en Californie (États-Unis) et en revenant en Arabie saoudite en 2017, j’ai constaté que rien n’y avait jamais été développé pour ce sport. Cela a été pour moi l’opportunité d’initier une conversation sur le sujet et la réponse a été positive, avec une volonté (des autorités) de développer le sport féminin, notamment la boxe. C’est comme ça que je suis devenue la première femme entraineur certifiée par la Fédération. L’impact a été énorme. La boxe est pour moi un outil pour construire un meilleur futur », ajoute Rasha AlKhamis, également membre du board de la Confédération asiatique de boxe (Asian Boxing Confederation).


  • La conférence sur « le sport comme outil de développement des femmes », animée par Sara AlFayez, membre du board de la Fédération saoudienne de Ju-Jitsu, est organisée par l’association d’amitié franco-saoudienne Generation 2030 (voir ci-dessous), en collaboration avec le ministère des Sports d’Arabie saoudite.
  • Generation 2030 a pour mission de « connecter les jeunes talents français et saoudiens et de soutenir toutes leurs initiatives pour créer des ponts entre les deux cultures. » Fondée en 2019 à Paris (FRA), cette association s’inscrit dans le sillage de « Vision 2030 », le grand programme lancé en 2016 par le Royaume d’Arabie saoudite qui « ambitionne d’ouvrir la société saoudienne au reste du monde et à autonomiser sa jeunesse. »

"Le sport comme outil de développement des femmes", conférence organisée au sein de la Prince Sultan University de Riyad (Arabie saoudite) - ©  D.R.

« Le football est le sport le plus populaire au monde et j’essaierai toute ma vie de l’utiliser pour faire bouger les choses » (L. Boulleau)

Laure Boulleau et Lama Alfozan, le 31/03/2022 - ©  D.R.
• « J’ai mis toute mon énergie pour réaliser mes rêves, d’abord en jouant avec les garçons quand j’étais petite, puis en devenant joueuse professionnelle puis internationale. 

• Le sport, en général, est un langage universel. Il peut constituer un trait d’union entre les hommes et les femmes car ce qu’il véhicule est unique. Je me rends compte chaque jour de la puissance du football qui est tellement énorme. C’est le sport le plus populaire au monde et j’essaierai donc toute ma vie de l’utiliser pour faire bouger les choses.

• L’affluence record au Camp Nou pour Barça - Real Madrid (quart de finale retour de la Ligue des champions féminine, le 30/03/2022) avec plus de 90 000 spectateurs dans le stade est un exemple de la popularité croissante du football féminin.

• Les valeurs du sport sont infinies. On apprend beaucoup en pratiquant notamment un sport collectif : la confiance en soi, le respect des autres, le respect des règles, le vivre ensemble, etc. J’ai eu des blessures, on apprend également à ne rien lâcher. Le sport m’a vraiment construite en tant que femme. »

« La Coupe du monde féminine en 2011 a marqué le début d’un changement pour le football féminin »

« Le sport comme outil de développement des femmes », conférence organisée à la Prince Sultan University de Riyad (RSA) - ©  D.R.
• « Au départ, mon objectif n’était pas de devenir joueuse professionnelle, mais de jouer pour l’équipe de mon pays et chanter la Marseillaise. J’ai participé à la Coupe du monde 2011 en Allemagne et avant la compétition, cela n’intéressait quasiment aucun média. Nous sommes arrivées en demi-finales et en termes d’image, nous avons bénéficié de la mauvaise Coupe du monde des garçons en 2010 (en Afrique du Sud, élimination au 1er tour, Knysna, etc.). Cela a marqué le début d’un changement pour le football féminin.

• L’arrivée de Nasser Al-Khelaïfi Chairman @ European Club Association (ECA) • Member of the executive committee @ UEFA • President @ beIN MEDIA GROUP • President and CEO @ Paris Saint-Germain (PSG) • Chairman @ Qatar Sports…  (président du Paris Saint-Germain Activité : club de football professionnel français Bureaux administratifs : 53, avenue Emile Zola, 92100 Boulogne-Billancourt Top sponsors : • Nike (équipementier) : 20 M€ par an de 2014-15 … depuis juin 2011) a été déterminante puisqu’il a décidé d’investir dans l’équipe féminine dans laquelle je jouais. J’ai alors commencé à gagner ma vie grâce au football. Aujourd’hui, j’ai même la chance de juger les performances des garçons (sur Canal+).

• Le message que j’ai envie de faire passer à toutes les filles ici ou ailleurs est le suivant : gardez la passion du sport et du jeu avant tout, croyez en vous et faites ce que vous avez à faire pour réaliser votre rêve, donnez tout pour atteindre vos objectifs. Félicitations à toutes celles qui font que les choses changent ici. Je suis si heureuse de voir des filles comme celles de l’équipe féminine de football jouer en Arabie saoudite. »

Laure Boulleau, ex-joueuse internationale, consultante pour Canal+, le 31/03/2022

« Le ministère des Sports met les moyens qui vont permettre de voir éclore une nouvelle génération d’athlètes saoudiens » (L. AlFozan)

Lama AlFozan, le 31/03/2022 - ©  D.R.
• « J’ai commencé l’escrime quand j’ai vécu en France plus jeune. En rentrant en Arabie saoudite, j’ai eu l’opportunité de rejoindre une équipe et petit à petit, nous sommes parvenus à atteindre le Comité olympique au sein de la Fédération pour créer la première équipe nationale féminine d’escrime. Nous avons participé à nos premières compétitions. J’ai notamment été sélectionnée pour les JO de Rio en 2016. Quand j’ai commencé l’escrime il y a huit ou neuf ans, il y a avait peut-être 50 athlètes féminines dans tout le Royaume. Aujourd’hui, je me réjouis de voir qu’il y en a plus de 4 000.

• Le sport est très puissant. Il a eu un impact sur moi personnellement et professionnellement, avec une forte différence entre le sport individuel et le sport en équipe. Il faut être préparé mentalement pour gagner ou pour perdre et cela vous sert ensuite dans la vie en général. Nous avons besoin du sport ici en Arabie Saoudite, en particulier pour lutter  contre l’obésité. Il doit faire partie de la vie quotidienne de chacun. C’est important non seulement au niveau physique mais aussi au niveau mental.

• Je ne vis pas de l’escrime, car ce n’est pas un sport professionnel ici et donc le sujet de ma retraite sportive est différent. Je travaille déjà en parallèle. Je fais au mieux pour trouver le bon équilibre entre ma vie personnelle, ma carrière professionnelle, mon ONG Organisation Non-Gouvernementale (talga) et ma carrière sportive. Mais le sport fera toujours partie de ma vie. Au-delà de mon rôle au sein de la Fédération, j’envisage aussi de devenir entraineur car j’ai envie de transmettre, en particulier aux enfants. »

« Je suis très optimiste quand je vois les progrès réalisés depuis 10 ou 12 ans »

• « Aujourd’hui, nous commençons à avoir des infrastructures, ce qui n’était pas le cas quand j’ai commencé. Nous avons une vision, un objectif, grâce au soutien du ministère des Sports et du SAOC (Saudi Arabian Olympic Committee) qui veulent proposer ce qu’il y a de mieux pour les athlètes en termes d’accompagnement. Nous ne voulons pas seulement participer, nous voulons gagner une reconnaissance internationale. Je suis très optimiste quand je vois les progrès réalisés depuis 10 ou 12 ans.

• Il y a un énorme potentiel ici en Arabie saoudite pour celles qui sont passionnées, dévouées, qui acceptent les sacrifices, qui s’engagent auprès de leurs entraîneurs, et cela en vaut la peine.

• Le ministère des Sports a des KPI et des objectifs très clairs. Il met les moyens qui vont permettre de voir éclore une nouvelle génération d’athlètes saoudiens. Nous ne serons peut-être pas tout à fait prêts pour Paris 2024, mais croyez-moi, ce sera le cas pour les Jeux olympiques de 2028. »

Lama AlFozan, membre du board de la Fédération saoudienne d’escrime et de la commission des athlètes du SAOC, le 31/03/2022

« Le sport est un domaine dans lequel nous (les femmes) pouvons unir nos efforts pour être plus impliquées et participer davantage à un changement positif » (R. AlKhamis)

Rasha AlKhamis, le 31/03/2022 - ©  D.R.
• « Le sport a le pouvoir de changer le monde, d’inspirer, d’unir les gens, d’offrir un langage commun. C’est un domaine dans lequel nous (les femmes) pouvons unir nos efforts pour être plus impliquées et participer davantage à un changement positif.

• En tant que vice-présidente de la Fédération saoudienne de boxe et membre du board de la Confédération asiatique de boxe, mon rôle est d’assurer la montée en compétence de tout l’écosystème de la boxe, l’amélioration des infrastructures, le développement des compétitions, l’accès aux installations et aux coachs, la mise en place de programmes éducatifs, etc.

• Tout cela nous permettra de lancer un véritable parcours académique pour les jeunes athlètes qui commencent en général la boxe autour de 11 ans. Nous pourrons aussi alors naturellement participer aux différentes compétitions : Jeux asiatiques, Jeux olympiques, etc. Voilà le chemin vers lequel nous souhaitons aller. »

« Aujourd’hui, nous avons 50 boxeuses licenciées par la Fédération »

• « J’ai commencé la boxe durant mes études en Californie (États-Unis) et en revenant en Arabie saoudite en 2017, j’ai constaté que rien n’y avait jamais été développé pour ce sport. Cela a été pour moi l’opportunité d’initier une conversation sur le sujet et la réponse a été positive, avec une volonté (des autorités) de développer le sport féminin, notamment la boxe. C’est comme ça que je suis devenue la première femme entraineur certifiée par la Fédération. L’impact a été énorme. La boxe est pour moi un outil pour construire un meilleur futur. Quand j’ai commencé à entrainer ici, il y avait environ 500 filles, des étudiantes, qui participaient aux différents cours le matin à l’université. Aujourd’hui, nous avons 50 boxeuses licenciées par la Fédération.

• Il faut rêver en grand car notre pays à d’immenses objectifs. Notre principal défi aujourd’hui est celui des infrastructures qui sont nécessaires pour accueillir les athlètes dans les meilleures conditions. Plus vous avez de bonnes installations, plus le nombre d’athlètes augmente et plus vos performances ont des chances de s’élever. »

Rasha AlKhamis, vice-présidente de la Fédération saoudienne de boxe et membre du comité des femmes du SAOC, le 31/03/2022

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Generation 2030
  • Activité : association d’amitié franco-saoudienne qui vise à connecter les jeunes talents français et saoudiens et à soutenir toutes leurs initiatives pour créer des ponts entre les deux cultures.
  • Création : 2019 à Paris (FRA)
  • Présidente : Soha Alharbi (RSA)
  • Directeur exécutif : Timothée Dufour (FRA)
  • Missions :
    • Organisation de rencontres entre la France et l’Arabie saoudite : événements culturels, rencontres thématiques et voyages d’études, concours, forums et salons, etc.
    • Soutien aux initiatives et projets bilatéraux issus de la société civile et générés par un dialogue direct entre les jeunes talents des deux pays
    • Publication de témoignages, d’articles, de livres, de réflexions et d’analyses mettant en valeur les profils les plus doués, les projets pour un avenir meilleur et les réussites des jeunes Saoudiens avec la France et des jeunes Français avec l’Arabie Saoudite.
Generation 2030 - ©  D.R.
Generation 2030
  • Partenaires :
    • Institut du monde arabe (institut culturel)
    • ChangeNow (plateforme)
    • Citizen entrepreneurs (association de promotion de l’entrepreneuriat)
    • Sparkup (plateforme)
    • The Global Diwan (plateforme)
    • Réseaux des étudiants pour le Monde arabe (REMA, plateforme)
    • Gobelins (formation)
    • Women’s forum (plateforme)
    • Business France (organisme gouvernemental)
    • MBC Academy (formation)
    • Aflam (association de promotion du cinéma arabe)


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Laure Boulleau et Lama Alfozan, à Riyad (Arabie saoudite), le 31/03/2022 - ©  D.R.