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Think Football 2019 : « Il y a un vrai momentum pour lutter contre le piratage » (Julien Taieb, LFP)

Paris - Actualité n°139547 - Publié le 08/02/2019 à 11:02
©  Julien Guichard
Atelier « Piratage audiovisuel : le pire danger pour le sport pro ? » - ©  Julien Guichard

« On s’est longtemps dit qu’il ne fallait pas parler du piratage pour ne pas en faire la publicité, mais c’est terminé. Tous secteurs confondus, il représente 1,2 milliard d’euros de pertes, à cause de gens qui sont riches et ne partagent pas leurs profits. La loi audiovisuelle à venir en 2019 nous fait penser qu’il y a un vrai momentum pour lutter contre le piratage. On travaille main dans la main avec les parlementaires pour être efficaces », souligne Julien Taieb, directeur des affaires juridiques de la LFP Ligue de Football Professionnel, association qui gère les compétitions professionnelles françaises (Ligue 1 Uber Eats, Ligue 2 BKT) , lors de l’atelier « Piratage audiovisuel : le plus grand danger pour le sport professionnel ? », dans le cadre de Think Football 2019, le 07/02/2019.

Julien Taieb intervient dans cet atelier en compagnie d’Arnaud Decker, président et fondateur d’AdValorem et conseiller en relations institutionnelles et affaires publiques de beIN Sports, et de Mathieu Moreuil, directeur des relations internationales football et des affaires européennes de la Premier League Ligue professionnelle qui gère la Premier League, la 1ère division professionnelle anglaise (20 clubs). , au cours de la troisième édition de Think Football, organisée par News Tank à l’INSEEC U. Sport (Paris XVe).

« Pour lutter, nous avons au Royaume-Uni une base juridique un peu différente, qui s’appuie sur le droit de la propriété intellectuelle. Et surtout, on bénéficie de la collaboration des fournisseurs d’accès à internet. Le blocage se fait en collaboration avec les FAI Fournisseur d’accès à Internet , sans cette collaboration, nous serions démunis », souligne Mathieu Moreuil.

« La spécificité du live sportif implique des solutions simples et robustes » (A. Decker, AdValorem)

Arnaud Decker - ©  Julien Guichard
• «  Le piratage est un phénomène très ancien, mais il a pris une grosse ampleur surtout dans le sport. Alors que le phénomène stagne pour les œuvres (cinéma notamment), il y a une recrudescence dans le sport : elle est due à la banalisation des accès haut débit et au développement du streaming.

• On dénombre 2 millions de pirates réguliers sur le football en France. Sur de belles affiches, le piratage atteint facilement 20 % de l’audience totale un soir de match.

• Il y a un risque systémique, c’est-à-dire une perte de valeur pour les organisateurs de compétitions.

• Pour les opérateurs TV en France, le manque à gagner est estimé à 500 M€. Et l'État y perd aussi, en ne percevant pas la TVA.

• Au sein de l'APPS Association pour la protection des programmes sportifs. Créée le 23/01/2018
Les membres fondateurs de l’APPS sont : beIN Sports, Canal+, Eurosport, l’Association des Chaînes Conventionnées éditrices…
, nous échangeons et nous sommes convaincus que la spécificité du live sportif implique des solutions simples et robustes.

• La France a un gros retard en matière de lutte contre le piratage. Quand on lutte contre le piratage, ça marche. C’est le cas au Portugal, au Danemark. Un blocage grâce à des solutions dynamiques, ce n’est pas un tabou dans d’autres pays. La France en est toujours au 1.0 en matière de lutte contre le piratage  alors qu’il faudrait passer au 3.0.  »

Arnaud Decker, président et fondateur d’AdValorem et conseiller en relations institutionnelles et affaires publiques de beIN Sports, le 07/02/2019

Arnaud Decker


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Parcours

Ad Valorem
President
Lagardère Active
Director of public affairs
Conseil supérieur de l‘audiovisuel (CSA)
Director of research and strategic planning
Canal+
Adviser to the COO
European Strategy and Lobbying
Junior consultant
Armée de Terre
Advertising expert

Fiche n° 16900, créée le 05/04/2016 à 17:37 - MàJ le 14/01/2019 à 12:19

« Une partie des droits TV va au sport amateur : 90 M€ par an à partir de 2020 » (J. Taieb, LFP Ligue de Football Professionnel, association qui gère les compétitions professionnelles françaises (Ligue 1 Uber Eats, Ligue 2 BKT) )

Julien Taieb - ©  Julien Guichard
• «  On est là aujourd’hui car le sport apporte beaucoup de choses à la collectivité : intégration, lutte contre les discriminations, etc.

• Les droits TV représentent une part majoritaire des revenus des Ligues, dont une partie va au sport amateur : une taxe de 5 % ( “taxe Buffet” ), soit 38 M€, et la Ligue verse chaque année 20 M€ à la FFF Fédération Française de Football pour financer le football amateur. Ces chiffres vont passer respectivement à 60 et 30 M€ à partir de 2020, d’où notre inquiétude.

• Face à ce problème, l’arsenal est très limité : le juge nous donne raison, mais ça n’empêche pas les sites pirates d’encaisser des revenus importants et de se payer des avocats. Nous avons des droits, mais nous ne pouvons pas les défendre.

• La temporalité judiciaire s’adapte plus facilement au cinéma qu’au football. Nous essayons de convaincre le législateur que nous méritons d’être défendu, nous payons 776 M€ d’impôts et de charges sociales par an, les pirates rien du tout !  »

« Il faudra que le temps judiciaire s’adapte au temps du piratage »

• «  Nous avons des problèmes avec des sites suffisamment puissants et l’exécution des décisions judiciaires est constamment repoussée. Nous rencontrons aussi des problèmes de territorialité (difficile d’agir au Panama)… Le moyen le plus efficace pour offrir une réelle exclusivité aux diffuseurs est de nous adresser aux FAI Fournisseur d’accès à Internet .

• Il faudra que le temps judiciaire s’adapte au temps du piratage : s’il faut plusieurs semaines, ce n’est pas possible face à un flux furtif, face à une étoile filante.

• On met souvent en avant le prix des abonnements comme argument pour dédouaner les pirates mais on ne peut pas faire le match avec eux sur ce terrain là puisqu’il sont gratuits et vivent de la publicité. Quant à la fragmentation de l’offre, elle n’a pas changé pour la Ligue qui a toujours eu deux diffuseurs, l’arrivée de la Ligue des champions sur RMC Sport n’est pas de notre ressort.

• Dans le football, la face émergée de l’iceberg, ce sont des clubs riches et des joueurs très bien payés. Mais la réalité, ce sont aussi des clubs qui craignent le passage devant la DNCG Direction Nationale du Contrôle de Gestion , qui mettent la clé sous la porte. N’attendons pas qu’il soit trop tard.  »

Julien Taieb, directeur des affaires juridiques de la LFP Ligue de Football Professionnel, association qui gère les compétitions professionnelles françaises (Ligue 1 Uber Eats, Ligue 2 BKT) , le 07/02/2019

 

Julien Taieb


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Parcours

Prime Video
Principal Legal Counsel
Ligue de Football Professionnel (LFP)
Head of Legal and Public Affairs
Paris Saint-Germain (PSG)
Senior Legal Counsel

Fiche n° 33843, créée le 14/01/2019 à 11:28 - MàJ le 29/06/2022 à 10:02

« En Angleterre, on peut bloquer un serveur à 5 minutes du coup d’envoi et jusqu’à la fin du match » (M. Moreuil, Premier League Ligue professionnelle qui gère la Premier League, la 1ère division professionnelle anglaise (20 clubs). )

Mathieu Moreuil - ©  Julien Guichard
• «  Le piratage est aussi un enjeu pour la Premier League. Nous avons une longue expérience de lutte contre ce phénomène, cela a débuté il y a près de 10 ans. Nous avons bloqué un premier site bloqué en 2013 : il récoltait 10 millions de livres sterling (soit 11,7 M€ à l'époque) de publicité par an. On a affaire à des escrocs qui volent un produit. Et c’est comme la lutte contre le dopage, c’est une lutte sans fin.

• Au lieu de s’en prendre au site, on s’en prend -en amont- au serveur. Pour cela, il faut l’autorisation d’un juge et il faut des arguments. On peut bloquer le serveur à 5 minutes du coup d’envoi et jusqu’à la fin du match.

• Il existe des sites de recettes et de fitness qui soudain diffusent un match de Premier League le samedi après-midi.  »

« On ne peut pas défendre un modèle où certains volent un produit pour le revendre »

• « BT et Sky, nos diffuseurs, sont aussi des FAI : ça aide. Les intérêts commerciaux sont alignés. Mais il faut faire un monitoring pour voir où sont les pirates et il faut obtenir les autorisations des juges, mais c’est une menace existentielle. Donc, il y a un coût et il faut la collaboration des FAI.

• Le monde de la musique est confronté au problème du piratage. En volume, la musique n’a jamais retrouvé les volumes d’avant. Je ne nous souhaite pas de perdre la bataille. A la fin, il faut que la production de contenus soit rémunérée. On ne peut pas défendre un modèle où certains volent un produit pour le revendre.

• De plus, la musique ne recherche pas l’exclusivité. Pour qu’elle ait une valeur, il faut qu’on la protège. Exclusif, c’est comme être enceinte : on l’est ou on ne l’est pas.  »

Mathieu Moreuil, directeur des relations internationales football et des affaires européennes de la Premier League, le 07/02/2019

Mathieu Moreuil


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Parcours

Premier League
Director of International football relations and EU Affairs
Premier League
Head of European Public Policy
APCO Worldwide
Senior associate
European Commission
Legal Expert
European Commission
Project manager

Fiche n° 34006, créée le 29/01/2019 à 10:44 - MàJ le 29/01/2019 à 11:11

©  Julien Guichard
Atelier « Piratage audiovisuel : le pire danger pour le sport pro ? » - ©  Julien Guichard