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Think Football ! : « Davantage de régulation et d'éducation pour l’intégrité du sport » (T. Pujol, FDJ)

Paris - Actualité n°84545 - Publié le 11/01/2017 à 16:01
©  Seb Lascoux
©  Seb Lascoux

« Pour lutter plus efficacement à l’avenir en faveur de l’intégrité du sport, la priorité doit être donnée à la fois à la régulation et à l'éducation », déclare Thierry Pujol Board Member @ World Lottery Association Global Lottery Monitoring System WLA GLMS • Chairman Public Order and Security Working Group @ EL The European Lotteries • Member of the Managing Board @ La… , directeur intégrité du sport de la Française des Jeux Activité : loterie et paris sportifs (détenue à 72 % par l'État) Création : 1976 (Loterie nationale créée en 1933) Présidente-directrice générale : Stéphane Pallez Effectif (2022) : 3 121… , à l’occasion de l’atelier « Paris sportifs et intégrité du sport », dans le cadre du Think Football ! 2017, à l’Université Paris-Dauphine, le 10/01/2017.

Cet atelier était l’un des sept proposés lors de la première édition de Think Football !, journée d'échanges et de réflexion centrée sur l’innovation dans la filière football, organisée par News Tank avec ses partenaires et à laquelle ont participé 750 dirigeants, le 10/01/2017.

« Davantage de régulation, de coopération entre les acteurs -États, autorités publiques et judiciaires, acteurs du sport, opérateurs de paris- et de moyens sont absolument nécessaires. Mais cela doit s’accompagner d’un travail de sensibilisation accru des acteurs du sport. Quand un sportif se dope, il le fait consciemment, en général. Quand il parie ou communique des informations privilégiées à des tiers, il n’a pas conscience des risques de manipulation auxquels il s’expose. Cela est surtout vrai chez les sportifs les plus jeunes », ajoute Thierry Pujol.

Cet atelier, modéré par Thomas Bourguignon, rédacteur-analyste de News Tank Football, réunissait également Christian Kalb
, directeur de CK Consulting, Pascal Boniface Membre du Conseil National de l'Éthique @ Fédération Française de Football (FFF) • Fondateur et directeur @ Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS)
• Membre du jury du Prix…
, directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) • Création : 1991 • Activité : think tank, institut privé de formation et de recherche dans le domaine des questions stratégiques et… , Stanislas Frossard, secrétaire exécutif de l’APES Accord Partiel Élargi sur le Sport, organe mandaté par le comité des ministres du Conseil de l’Europe pour préparer la Convention du Conseil de l’Europe contre la manipulation de compétitions… au sein du Conseil de l’Europe, et Philipp Müller-Wirth Executive Officer for Sport @ Unesco
, directeur exécutif des Sports de l’Unesco, l’Organisation des Nations Unies pour l'Éducation, la Science et la Culture.

« Il faut toujours plus de transparence » (P. Boniface, IRIS)

Pascal Boniface - ©  Seb Lascoux
« Pour lutter plus efficacement à l’avenir en faveur de l’intégrité du sport, la priorité doit être donnée à la transparence. Les acteurs légaux n’ont pas peur de la transparence, car ils n’ont rien à cacher. Les acteurs illégaux, eux, profitent de l’opacité pour prospérer. Cela concerne les paris sportifs, mais aussi d’autres dangers pour l’intégrité du sport : le blanchiment d’argent, l'évasion fiscale, etc.

Il faut que tous les acteurs légaux du sport et des paris sportifs réclament toujours plus de transparence. Quand un acteur ne joue pas le jeu, comme Malte par exemple (qui héberge de nombreuses sociétés de paris sportifs et jeux d’argent), il faut pratiquer le “ naming and shaming ” : dénommer les mauvais acteurs et les exposer publiquement. »

Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, le 10/01/2017

« Il faut encourager les acteurs, notamment les sportifs, à donner l’alerte » (P. Müller-Wirth, Unesco)

Philipp Müller-Wirth - ©  Seb Lascoux
« Toutes les mesures qui permettent d’accroître la transparence sont en effet une priorité pour mieux garantir l’intégrité des compétitions sportives. Mais cela passe nécessairement par davantage de moyens, notamment pour les pays du Sud, pour qui, vous l’imaginez aisément, la lutte pour l’intégrité du sport ne figure pas au sommet de leur liste des priorités.

Dans beaucoup de pays les moins développés, les ministères des Sports ont déjà beaucoup de difficultés à faire face aux affaires courantes et à des fléaux tels que le dopage ou la corruption. Les autorités publiques y ont beaucoup de difficultés à lutter contre les mafias.

Une mesure efficace est, selon moi, de favoriser la mise en place de plateformes de lanceurs d’alertes. La lutte pour l’intégrité sportive ne peut pas passer que par des lois et des plateformes de surveillance technologique, difficiles et coûteuses à appliquer ou mettre en place pour certains pays. Il faut encourager les acteurs, notamment les sportifs, à donner l’alerte en cas de tentative de manipulation du sport. »

Philipp Müller-Wirth, directeur exécutif des Sports de l’Unesco, le 10/01/2017

« Une prise de conscience face au crime organisé » (S. Frossard, Conseil de l’Europe)

Stanislas Frossard - ©  Seb Lascoux
« Beaucoup d'États n’ont pas encore bien pris conscience des dangers qui se cachent derrière la manipulation des compétitions sportives. Pendant longtemps, certains ont pensé qu’il ne s’agissait que d’un problème disciplinaire, interne au sport. Ils considéraient d’ailleurs le dopage ou la corruption “ classique ” de la même façon.

Certains estimaient haut et fort qu’ils n’avaient aucun souci à se faire à propos des paris sportifs, puisque que les paris sportifs sont illégaux dans leur pays. Mais c’est là nier l’existence des paris illégaux.

L’un des meilleurs moyens de faire avancer leur réflexion a été de leur faire prendre conscience qu’il ne s’agit pas simplement d’un problème de matches truqués ou de performances sportives indûment obtenues, mais bien d’un problème de crime organisé.

Derrière les paris illégaux, derrière les matches truqués, le dopage ou la corruption des acteurs du sport, se trouvent des mafias, qui profitent du sport pour prospérer et / ou blanchir de l’argent. Cette prise de conscience est prioritaire pour mieux lutter pour l’intégrité du sport. »

Stanislas Frossard, secrétaire exécutif de l'APES Accord Partiel Élargi sur le Sport, organe mandaté par le comité des ministres du Conseil de l’Europe pour préparer la Convention du Conseil de l’Europe contre la manipulation de compétitions… au sein du Conseil de l’Europe, le 10/01/2017

« Surveiller la santé financière et l’actionnariat des clubs de sport » (C. Kalb, CK Consulting)

Christian Kalb - ©  Seb Lascoux
« Les États doivent se préoccuper davantage du crime organisé, Stanislas (Frossard) a tout à fait raison.
Selon certaines études, le crime organisé représente aujourd’hui la quatrième puissance économique mondiale, derrière la Chine, les États-Unis et le Japon.

La France est relativement bien protégée du risque de manipulation sportive, car la lutte pour l’intégrité y est bien organisée et dispose de moyens. Nous bénéficions du Code du Sport, de l'ARJEL Autorité de Régulation des Jeux En Ligne.
Remplacée par l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) le 01/01/2020.
, de la Française des Jeux, de la plateforme nationale et du travail de prévention réalisé auprès des sportifs.

Il faut savoir qu’en matière de football, la France est le seul des cinq grands championnats européens à mener ce travail de sensibilisation et de prévention auprès des joueurs professionnels et des pensionnaires des centres de formation. Un dispositif équivalent n’existe ailleurs qu’en Autriche et en troisième division italienne.

En France, nous avons la chance de disposer d’une DNCG Direction Nationale du Contrôle de Gestion , qui veille à la santé financière des clubs professionnels. Mais nous devons faire encore davantage attention à l’actionnariat des clubs de football, et de sport en général. Certains clubs sont fragiles financièrement, ils sont à vendre et leur actionnariat s’internationalise.

La DNCG et Tracfin « Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins » : organisme du ministère de l'Économie et des Finances, chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent. ne disposent pas aujourd’hui des moyens de garantir à 100 % de la probité des fonds apportés par les nouveaux actionnaires. Les clubs de sport peuvent constituer un véhicule simple et utile de blanchiment d’argent. »

Christian Kalb, directeur de CK Consulting, le 10/01/2017

©  Seb Lascoux
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