Ligue 1 : « Le FC Nantes représente 50 % de mon emploi du temps, mais 100 % de mes emmerdes » (W. Kita)
« Ma vie professionnelle est une véritable réussite et je n’ai quasiment jamais de problèmes avec mes entreprises, contrairement au FC Nantes. Le FC Nantes représente 50 % de mon emploi du temps, mais 100 % de mes emmerdes. Dans mes entreprises, je n’ai jamais de soucis sur le plan humain, mes employés sont très heureux », déclare Waldemar Kita, président du FC Nantes (Ligue 1), à News Tank, le 14/12/2016.
Propriétaire du FC Nantes depuis 2007, Waldemar Kita, qui est aussi président de la société Vivacy (produits médicaux injectables), est en conflit avec une frange des supporters nantais. Plusieurs dizaines d’ultras avaient tenté d’envahir la tribune présidentielle lors de Nantes-Toulouse (1-1, 12e journée de Ligue 1) le 05/11/2016. « Le FC Nantes va poursuivre les auteurs de ces actes inadmissibles », affirmait le club, le 07/11/2016. L’ANS
Association Nationale des Supporters
Fondée en 2014, cette association a vocation à rassembler l’ensemble des associations de supporters françaises autour, notamment, des questions relatives …
, qui soutient les ultras de la Brigade Loire, étudierait aussi l’opportunité d’un recours juridique, affirme L'Équipe du 15/12/2016.
Le FC Nantes occupe la 19e place (13 points) du classement 2016-17 de Ligue 1 après 17 journées. Entraîné depuis le 08/12/2016 par le Portugais Sergio Conceição qui a succédé à René Girard, le club n’a jamais terminé une saison dans la première moitié du classement de Ligue 1 depuis l’arrivée de Waldemar Kita.
« Le FC Nantes vit aujourd’hui au-dessus de ses moyens et je suis obligé d’assumer ce train de vie, parce que sinon, il y aurait des gens au chômage. Quand j’ai repris le club, les difficultés financières étaient énormes, mais je n’ai pas licencié une personne », affirme le président nantais, qui ajoute : « Aujourd’hui en Ligue 1, pratiquement tout le monde veut vendre son club ! »
Dans ce contexte compliqué, Waldemar Kita annonce néanmoins : « Nous avons pour projet de construire un nouveau stade. Refaire la Beaujoire coûterait plus cher que faire un nouveau stade qu’on pourrait construire en deux ans. C’est un projet qui doit être privé, je suis prêt à porter ce projet et des gens sont prêts à me suivre. »
Le président du FC Nantes répond aux questions de News Tank.
Waldemar Kita
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Membre du conseil d’administration / Member of the Board
Vivacy
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Créateur et président
Président
Fiche n° 1784, créée le 11/02/2014 à 17:41 - MàJ le 02/04/2020 à 16:12
- Comment fait un président de club pour tenter de garder la tête froide dans les moments les plus chauds ?
On me demande souvent en ce moment : « Mais pourquoi restez-vous à Nantes dans le contexte actuel ? ». C’est simple : vous ne pouvez pas laisser un club comme ça, sauf si vous ne vous inquiétez pas des difficultés financières qu’il pourrait connaître après. Ces dernières années, à Nantes, nous avons fait beaucoup de choses, comme le centre de formation et à l’avenir, nous avons pour projet de construire un nouveau stade.
Le problème, c’est qu’à Nantes, on vit quarante ans en arrière »Le problème, c’est qu’à Nantes, on vit quarante ans en arrière, alors qu’il y a des clubs, en France et en Europe, qui avancent très vite. Le FC Nantes est aujourd’hui un club qui vit au-dessus de ses moyens et je suis obligé d’assumer ce train de vie, parce que sinon, il y aurait des gens au chômage. Quand j’ai repris le club, les difficultés financières étaient énormes, mais je n’ai pas licencié une personne.
- Plusieurs présidents de clubs de Ligue 1 ont récemment évoqué les difficultés qu’ils rencontrent en tant que propriétaires, notamment vis-à-vis des critiques de supporters. Serait-il plus compliqué d’être propriétaire d’un club en France qu’ailleurs en Europe ?
Selon moi, c’est la mentalité générale qui a changé. Nous manquons d’hommes forts dans les pouvoirs publics. Le respect s’est complètement perdu et cela n’arrive pas qu’en France. On voit bien que dans d’autres pays, il se passe des choses encore pires. Il y a des pays, comme l’Espagne ou l’Angleterre en revanche, où des décisions fortes ont été prises pour régler certains problèmes.
- Est-ce ce climat général qui explique en partie la volonté de plusieurs propriétaires de Ligue 1 de vendre leur club, comme à Marseille récemment ou à Lille ?
Il faut vous mettre une chose en tête : aujourd’hui en Ligue 1, pratiquement tout le monde veut vendre son club ! Quand on voit ce qui s’est passé avec la famille Louis-Dreyfus à Marseille, c’est scandaleux. On peut dire tout ce qu’on veut, mais Robert Louis-Dreyfus avait sauvé l’OM…
- Entre l’argent investi et le plaisir ressenti, il doit être difficile de s’y retrouver parfois…
C’est là qu’on voit que le peuple est en train de changer. Le public est de plus en plus violent, des spectateurs peuvent dire qu’ils vont vous couper la tête, sans que vous ne puissiez rien faire. Entre présidents, on en parle assez peu, mais le président Rivère de Nice, un garçon très constructif, avait eu également des problèmes face à la violence de ses supporters, la saison passée. Depuis que les résultats sportifs de Nice sont bons, il y a moins de problèmes…
- L’arrivée de nouveaux actionnaires dans le football français peut-il donner un nouveau souffle à la Ligue 1 ?
Est-ce que ça vous fait plaisir que des étrangers rachètent les clubs français les uns après les autres ? Est-ce une bonne chose de perdre la main sur le football français ? Je suis pour l’ouverture des capitaux et que des gens viennent dans le football en investissant s’ils ont les moyens, c’est une bonne chose. Ce qui se passe avec le Paris SG par exemple, c’est fantastique. Mais arrêtons de fantasmer sur le Paris Saint-Germain, parce qu’au Paris SG, c’est un État qui investit !
À Marseille, ça ne va pas être évident pour M. McCourt »Et je vois mal d’autres États investir dans des clubs français. À Marseille, M. McCourt, je lui souhaite tout le bonheur, mais ça ne va pas être évident pour lui, tout le monde le sait. L’OGC Nice a été vendu, le LOSC Lille est sur le point de l’être, l’AS Nancy-Lorraine a failli l’être et il y en a d’autres, que je ne vais pas citer, mais qui pourraient également être vendus.
Pour avoir un club de football, il faut être milliardaire »À un moment donné, il faut se poser la question de savoir pourquoi tout le monde veut partir. L’argent prend le dessus sur tout, quand vous avez un gros budget, vous pouvez faire beaucoup d’erreurs, alors que quand vous avez moins d’argent, vous ne pouvez pas vous tromper. Aujourd’hui, pour avoir un club de football, il ne faut pas être millionnaire, mais milliardaire !
- Vous êtes donc un des propriétaires de Ligue 1 qui n’a pas le droit de se tromper s’il veut obtenir de bons résultats sportifs…
Si je recrute six joueurs sur le marché des transferts et que je me trompe sur trois, les conséquences sont énormes. Le Paris SG, même quand sa recrue phare du mercato ne joue pas (Hatem Ben Arfa), les résultats continuent d’être bons. Comment voulez-vous expliquer aux supporters qu’au vu de la situation, ils devraient me soutenir plutôt que d’être contre moi ?
- Depuis que vous êtes à la tête du club, le FC Nantes n’est jamais parvenu à faire mieux que 13e en Ligue 1. Est-ce que finalement, malgré son passé glorieux, le club n’est-il pas simplement aujourd’hui condamné à la deuxième partie de tableau en Ligue 1 ?
Quand je suis arrivé, le club était détruit et il a fallu le reconstruire. Sauf que pendant que vous réparez des problèmes, les autres clubs continuent de progresser. Plein de clubs disposent de stades neufs, alors que nous n’avons pas eu cette chance. Aujourd’hui, à Nantes, on ne peut pas organiser de compétitions internationales, parce que La Beaujoire n’est pas aux normes. On a perdu beaucoup de temps et on a pris du retard sur les autres clubs. Le football est une compétition et si vous allez moins vite dans votre progression que les autres, vous régressez.
- Qu’est-ce qui pourrait permettre à Nantes de retrouver le Top 10 de Ligue 1 et de s’y installer ?
Il y a d’abord une chose importante à rappeler : le club était endetté et depuis trois ans, il ne l’est plus. Personne n’en parle, mais nous sommes arrivés à l’équilibre. Les supporters préféreraient peut-être que le club continue d’être endetté, qu’il termine une saison à la 5e place et finisse par déposer de bilan. Je suis peut-être trop gestionnaire, mais je préfère finir dans la deuxième partie du classement avec des comptes dans le vert. Pour pouvoir rivaliser avec les deux premiers de Ligue 1, il faudrait qu’on puisse investir pendant trois saisons entre 80 et 100 M€.
- Comment trouver de telles sommes ? En ouvrant le capital à des investisseurs étrangers ?
J’ai toujours dit que si des gens étaient intéressés pour venir à mes côtés, ils étaient les bienvenus. En Ligue 1, on a aujourd’hui 90 % de joueurs moyens. Que vous achetiez un joueur à 2 M€ ou à 5 M€, c’est la même chose. Même jusqu’à 10 M€. Et que vous le payez 50 000 ou 150 000 euros par mois, c’est pareil, c’est juste que vous vous êtes fait avoir si vous le payez 150 000. Regardez Kolbeinn Sigthorsson…
Il vaut mieux prendre deux bons joueurs à 40 M€ que six à 10 M€ »On ne va pas dire que je n’ai pas essayé d’investir. Je vous promets que si vous me donnez 80 ou 100 M€ par ans sur trois ans, on finit dans le Top 3 de Ligue 1. Pour avoir des joueurs bons, il faut viser des joueurs qui valent 40 ou 50 M€. Sinon, vous n’avez pas grand-chose. Il vaut mieux prendre deux bons joueurs à 40 M€ que six à 10 M€, qui ne sont pas des joueurs mauvais, mais des joueurs moyens, sauf à de rares exceptions.
- Dans ces conditions, le FC Nantes peut-il regarder plus haut ?
J’avais dit à René Girard (entraîneur qui a quitté le club le 02/12/2016) au début de la saison que cette saison était une opportunité fantastique si on réussissait notre recrutement. Le niveau de la Ligue 1 est moyen cette saison, le Paris SG n’est pas en grande forme, Monaco explose tout d’un coup…
- Quand vous voyez un homme comme Michel Seydoux qui en train de vendre le LOSC, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Michel Seydoux est un peu comme tous les présidents, il en a marre. Quand vous investissez beaucoup et que vous n’avez rien en retour, même pas de respect, vous en avez ras-le-bol. Un homme comme Michel Seydoux arrive à un moment de sa vie où il doit se demander pourquoi il va s’emmerder avec un club. Mais il ne faut pas oublier le travail qu’il a fait à Lille.
- Pour un président, le moment le plus compliqué n’est-il pas celui où il a l’impression qu’il ne peut plus faire progresser son club ?
C’est vrai que c’est un moment où l’on se pose beaucoup de questions. Des gens qui nous proposent d’entrer au capital des clubs, il y en a plein. Je reçois plein de propositions. Mais ce n’est pas 20 ou 30 M€ dont le FC Nantes a besoin…
- Vous avez investi plus de 100 M€ de votre fortune personnelle depuis votre arrivée au FC Nantes et vous estimez qu’il faudrait des moyens biens supérieurs pour franchir un cap. Des sommes folles sont injectées dans le football aujourd’hui…
Il ne faut pas oublier que j’ai pris le club en Ligue 2. La DNCG
Direction Nationale du Contrôle de Gestion
m’a demandé 25 M€ de garanties personnelles pour acheter le club, bloquées pendant un an à la banque. Si à chaque fois qu’on ouvrait une société, il fallait offrir de telles garanties, personne ne créerait de sociétés.
- Depuis votre arrivée à la tête du FC Nantes, y a-t-il des choses que vous regrettez ?
Je suis quelqu’un d’assez optimiste. J’ai fait beaucoup d’erreurs, plus que je n’en ai jamais faites dans ma vie professionnelle. Je suis pénalisé financièrement à titre personnel par ces erreurs, alors qu’avec mes entreprises, tout a toujours bien marché. Ma vie professionnelle est une véritable réussite et je n’ai quasiment jamais de problèmes avec mes entreprises, contrairement au FC Nantes. Le FC Nantes représente 50 % de mon emploi du temps, mais 100 % de mes emmerdes. Dans mes entreprises, je n’ai jamais de soucis sur le plan humain, mes employés sont très heureux.
- Pour faire grandir le club, on vous a souvent entendu évoquer la possibilité de construire un nouveau stade. Où en est ce projet ?
Dans tous les milieux, il y a des règlementations, et c’est le cas pour les stades. Aujourd’hui, la Beaujoire n’est plus aux normes. Les gens veulent venir au stade, pouvoir discuter, prendre un verre et ne pas être confronté à la violence. Dans ma vie, j’ai fait neuf unités de production, à chaque fois que j’ai rénové une unité plutôt que d’en construire une neuve, cela m’a coûté plus cher. Refaire la Beaujoire coûterait plus cher que faire un nouveau stade. Cela prendrait quatre ou cinq ans, poserait de nombreux problèmes… Alors qu’on pourrait construire un nouveau stade en deux ans.
- Vous imaginez un projet 100 % privé ?
Je ne pense pas qu’on puisse demander d’argent public. C’est un projet qui doit être privé, je suis prêt à porter ce projet et des gens sont prêts à me suivre. Il faut bien y réfléchir et mettre en place un projet concret. On peut faire un très beau projet, il faut en discuter avec les pouvoirs publics.
FC Nantes
Activité : club de football professionnel français
Partenaires principaux :
• Synergie (ressources humaines) : sponsor maillot principal, 2013-2026
• Macron (équipementier) : 2020-2025
Partenaires officiels :
• Proginov (logiciels de gestion) : sponsor pocket gauche
• LNA Santé (établissements de santé) : sponsor manche, 2017-2023
• Préservation du Patrimoine (rénovation énergétique) : sponsor haut du dos de maillot 2020-2022
• ZEBet (paris sportifs) : sponsor short avant, 2022-2025
• Anvolia (génie climatique)
• Crédit Mutuel (banque, assurances) : jusqu’en 2024-25
• Nantes Métropole (collectivité)
• Groupe AFD (plomberie) : sponsor pocket droite, depuis 2021-22
• Be Green (audit énergétique) : sponsor short arrière, 2023-2025
• Hellfest (festival de musique) : 2023-24
Catégorie : Clubs Professionnels
Adresse du siège
Centre Sportif José Arribas - La JonelièreBP 31124
44240 La Chapelle-sur-Erdre France
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Fiche n° 1054, créée le 06/02/2014 à 18:33 - MàJ le 27/02/2024 à 11:42