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ExclusifCNOSF : « Il va me falloir un peu de temps pour recharger les batteries » (Brigitte Henriques)

News Tank Football - Paris - Entretien n°266896 - Publié le 11/10/2022 à 11:01
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©  CNOSF
Brigitte Henriques, présidente du CNOSF, lors du Séminaire sur la gouvernance du sport le 18/07/2022 - ©  CNOSF

« Je ne suis pas surhumaine. Ce que je vis depuis plusieurs mois m’a épuisée et je n’aurais pas imaginé ça lors de mon élection. En tant que femme et qu’être humain, j’ai “ramassé” comme on dit. Il va me falloir un peu de temps pour recharger les batteries », déclare Brigitte Henriques Chargée de mission @ Fédération Française de Football (FFF)
• Internationale française (31 sélections entre 1988 et 1997, 2 buts).• Clubs : JSF Poissy, FC Féminin Juvisy Essonne (triple championne de…
, présidente du CNOSF Comité National Olympique et Sportif Français depuis le 29/06/2021, à News Tank le 10/10/2022.

« Il y avait un grain de sable dans la machine… Avec le n° 2 de mon équipe (Didier Seminet Président @ Confederation of European Baseball (CEB)
, alors secrétaire général) qui avait activement contribué à ma campagne, cela ne fonctionnait pas », explique-t-elle, évoquant même des « comportements à mon sens “inappropriés” dans la manière dont un secrétaire général peut se comporter avec une présidente ou d’autres interlocuteurs. »

Depuis, le conseil d’administration du CNOSF a voté « la révocation du mandat du secrétaire général Didier Seminet, sur proposition de la présidente Brigitte Henriques », le 12/09/2022. Une semaine plus tard, elle a déposé plainte contre lui pour “violences psychologiques”.

Une autre réunion du conseil d’administration est programmée dans la matinée du mercredi 12/10/2022, notamment pour désigner celui ou celle qui succèdera à Didier Seminet au poste de secrétaire général.

Doit également être acté la mise en place d’un quatuor (Jean-Pierre Siutat Vice-président @ FIBA Europe • Président @ Fédération Française de BasketBall (FFBB)
, Michel Callot Trésorier @ Comité national olympique et sportif français (CNOSF) • Président @ Fédération Française de Cyclisme (FFC)
Formation : • 1993 : ESA Grenoble, MSTCF / DESCF Comptabilité Finance
, Astrid Guyart Secrétaire générale @ Comité national olympique et sportif français (CNOSF)
Équipe de France d’Escrime (janvier 1998 - juillet 2021)Jeux Olympiques• Tokyo 2020 : Médaille d’argent par équipes• Rio…
et Sébastien Poirier) « qui va prendre pour quelque temps la gestion opérationnelle du CNOSF », indique Brigitte Henriques. Cela va lui permettre de s’octroyer une période de repos.

Mais auparavant, elle tient à mettre en avant le travail accompli en 15 mois de présidence et le bonheur éprouvé à conduire la maison olympique : « Je suis fière de cette première étape. Nous sommes prêts pour réussir les Jeux et bonifier leur héritage, mobilisés pour changer la place du sport dans la société » assure la présidente du CNOSF qui répond aux questions de News Tank.


«  Il y a quelques jours, ma fille aînée m’a dit : “Maman, ce n’est pas possible, s’il te plaît, parle !” » (B. Henriques)

Imaginiez-vous le 29/06/2021, lorsque vous devenez présidente du CNOSF, vous retrouver dans la situation actuelle 15 mois plus tard ?

Un travail phénoménal a été réalisé par les élus et salariés »

S’il s’agit de toutes les actions que nous avons mises en place avec mon équipe d’élus depuis le 29/06/2021 et du fait d’avoir embarqué dans le projet les salariés afin de réorganiser le CNOSF selon une vision moderne et inclusive, partagée avec les élus qui m’entourent, alors je vous réponds oui, nous sommes exactement là où je le souhaitais ! Un travail phénoménal a été réalisé par les élus et salariés et, oui, cela je l’avais prévu dès mon accession car nous étions déterminés.

CNOSF : première réunion du conseil d'administration de la présidence Henriques, le 06/07/2021 - ©  JPS

Vers une augmentation considérable du nombre de licenciés »

Je suis fière de cette première étape. Nous sommes prêts pour réussir les Jeux et bonifier leur héritage, mobilisés pour changer la place du sport dans la société. Nous nous préparons à connaître une augmentation considérable du nombre de licenciés, à être à même de les accueillir dans les clubs, à récupérer des programmes de Paris 2024 Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. comme l’Académie Paris 2024 (organisme de formation officiel pour les volontaires des Jeux) et qui servira au CNOSF à former des dirigeants selon un tronc commun, former les arbitres… Ce sont des perspectives forcément motivantes.  

Lancement prochain d’un “Guichet Unique” pour répondre aux questions des fédérations »

Dans cette optique, nous avons créé au CNOSF un Service aux Fédérations et aux Territoires : c’était une priorité. James Blateau, le président de la Fédération de Gymnastique (vice-président du CNOSF en charge du Service aux Membres) a la charge de ce périmètre et a avancé très vite en lien avec les équipes opérationnelles. Ils ont mis en place des webinaires mensuels au service des président(e)s de fédérations et conçu un « Guichet Unique » qui sera lancé prochainement afin de répondre à toutes les questions des fédérations. Ce sont des actions très concrètes.

Nous traitons des grandes causes nationales »

Parallèlement, nous traitons des grandes causes nationales avec la lutte contre les violences sexuelles, la mixité des instances, le sport de l’école à l’université ou encore le sport-santé avec une nouvelle édition « médicosport-santé » conçu par le CNOSF en lien avec la société Vidal qui propose des temps de formation des médecins pour la prescription du sport… Cette démarche initiée par Alain Calmat est désormais poursuivie par Betty Charlier (vice-présidente du CNOSF en charge du sport-santé et présidente de la Fédération de Sport pour Tous) et la commission médicale coprésidée par Jehan Lecocq et Carole Maitre.

Un travail conséquent pour le rayonnement du sport français à l’international »

Sous l’impulsion de Jean-Pierre Siutat, (premier vice-président en charge des Relations Internationales et président de la Fédération Française de Basket), nous avons déjà réalisé un travail conséquent avec la « French Sport Touch », pour le rayonnement du sport français à l’international, en collaboration étroite avec le ministère des Sports. Enfin, je pourrais aussi citer le travail mené par Sébastien Poirier (vice-président du CNOSF en charge de la Transformation économique des fédérations et président de la Fédération Française de Motocyclisme) : de nombreuses fédérations sont encore dépendantes des revenus liés à la seule prise de licences et aux subventions publiques. Nous avons donc réalisé une étude durant 12 mois sur le modèle économique des fédérations afin de les aider à le faire évoluer. En considérant les spécificités de chacune, nous allons proposer des solutions concrètes.

Vous êtes donc satisfaite du travail accompli ?

J’ai eu un immense plaisir à déployer nos engagements de campagne »

Depuis mon élection, j’ai eu un immense plaisir à déployer nos engagements de campagne et à mettre toutes ces actions en place, comme ce fut notamment le cas dans le cadre de reprise sportive suite à la crise sanitaire. Le CNOSF a été au plus près des fédérations dans un contexte extrêmement difficile pour les clubs, les bénévoles, les arbitres… Par ailleurs, la perspective des Jeux de Paris offre de partager une magnifique dynamique avec les territoires qui ont un vrai rôle à jouer. Les CROS Comité Régional Olympique Sportif et les CDOS Comité Départemental Olympique Sportif sont déjà au travail et sont déterminants dans la mobilisation des clubs.

Brigitte Henriques, présidente du CNOSF, au Sénat (devant Michel Savin, sénateur LR) - ©  CNOSF

Une vision précise dès mon élection »

De tout cela, j’avais une vision précise dès mon élection : d’où l’on partait, le chemin à parcourir et la méthode souhaitée désormais appliquée, basée sur une gouvernance partagée. Les vice-présidents travaillent avec les directeurs et directrices de pôles et on obtient ainsi une bonne alchimie. C’était notre vision en termes de méthode.

Je ne voulais pas que l’on navigue à vue »

J’assiste tous les mois avec d’autres élus à la réunion du personnel qui rassemble dans l’amphithéâtre de la Maison du Sport français les 100 salariés du CNOSF : chaque direction fait le point sur l’avancement de ses travaux. Ce temps d’information est précieux et révèle une vraie planification : voilà ce que j’attendais, je ne voulais pas que l’on navigue à vue. Nous avançons en mode « projet transverse » et c’est efficace. Alors, oui, au bout de seulement 15 mois de mandat, en ayant parallèlement conduit deux délégations aux Jeux olympiques d’été (Tokyo en 2021) et d’hiver (Pékin 2022), le CNOSF est là où mon équipe le souhaitait, tant en termes d’organisation que de méthode.

Mais dans ce paysage idyllique que vous décrivez, il y a une véritable fracture comme l’a démontré le vote du 12/09/2022 concernant la révocation de Didier Seminet de son poste de secrétaire général, que vous avez demandée et qui a été votée par 28 voix contre 17…

Le CNOSF est en marche. Comme je l’ai dit au président de la République (Emmanuel Macron Président de la République @ Présidence de la République (Élysée)
), nous sommes en ordre de bataille pour permettre à nos athlètes de performer et pour que notre pays soit à la hauteur de l’enjeu.

Il a fallu que j’attende que l’on soit vraiment solide politiquement et parfaitement en place pour dire ce qui se passait »

Sur la question de la gouvernance interne que vous évoquez, il a fallu que j’attende que l’on soit vraiment solide politiquement et parfaitement en place pour dire ce qui se passait. Il y avait un grain de sable dans la machine… Avec le n° 2 de mon équipe (Didier Seminet, alors président de la Fédération de Baseball & Softball) qui avait activement contribué à ma campagne, cela ne fonctionnait pas. J’avais pensé qu’il adhérerait à cette vision et à cette organisation partagée avec le Bureau exécutif dès le départ, mais j’ai fait le constat inverse à l’automne 2021. Au début de l’année 2022, les dysfonctionnements étaient de plus en plus criants. Enfin, lorsque sans m’en avertir préalablement, il s’est porté candidat, en avril, à la Fédération internationale (de Baseball et Softball / WBSC. L’Italien Riccardo Fraccari a été réélu le 05/07/2022), j’ai compris qu’il prenait définitivement un autre chemin.

Dès lors, j’ai fait part à mes élus les plus proches de ces dysfonctionnements et de comportements à mon sens « inappropriés » dans la manière dont un secrétaire général peut se comporter avec une présidente ou d’autres interlocuteurs. Finalement, j’ai révélé ce que je n’osais dire depuis des mois…

Brigitte Henriques et, à sa gauche, Didier Seminet au CNOSF le 01/09/2022 - ©  CNOSF

Nous espérions tous que Didier accepte de reconnaître qu’il n’adhérait pas à ce cadre de travail auquel il s’opposait régulièrement. Les solutions que nous lui avons proposées n’ont pas eu l’effet escompté.

Et ça, vous ne l’aviez pas imaginé ?

Une attitude inacceptable »

Non ! Comme je n’avais pas imaginé que dès le mois d’octobre (2021) non seulement je perdrais petit à petit le soutien du secrétaire général, mais que j’aurais aussi à subir régulièrement une attitude inacceptable. Si j’ai porté plainte, c’est bien parce que c’était très dur et grave. Je ne pouvais pas tenir dans cette situation ad vitam aeternam, je ne suis pas surhumaine. Je me suis tue jusqu’en février-mars. Ensuite, j’ai été prise en charge et ça m’a aidé. J’ai commencé à en parler à certains élus et en juillet, j’ai tout dit.

Je ne démissionnerai jamais ! »

Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait dans la foulée cette déferlante qui n’a qu’un objectif : détruire tout ce qui a été mis en place depuis mon élection et m’atteindre. Ne soyons pas dupes, c’est une injustice totale. Mais je ne démissionnerai jamais ! Je l’ai dit plusieurs fois aux salariés : « Le vent souffle, mais le navire est solide grâce à vous. Les élus me soutiennent et je suis debout. Je ne tomberai pas et ça continuera. »

Dans cette crise, ce qui a pu manquer à certains élus, c’est un temps de discussion pour leur permettre de bien comprendre toutes les raisons qui ont amené à cette situation. Je l’ai fait seulement à partir de cet été. L’important, maintenant, c’est de rassembler.

Six mois durant, d’octobre 2021 à mars 2022, vous n’en avez pas parlé à qui que ce soit ?

Je n’ai jamais voulu me poser en victime »

J’ai commencé à en parler au médecin que je suis allée consulter et à partir de mars, comme je vous l’ai dit, j’ai été prise en charge. J’ai aussi abordé la question à cette époque avec les élus qui m’entourent. Ils ont été très attentifs, mais je n’ai jamais voulu me poser en victime. Je ne supporte pas ce statut. Il en a été de même lorsque j’ai perdu mon mari (décédé à l’âge de 48 ans le 01/04/2018), et durant les trois ans de sa maladie, je n’ai rien montré, c’est ma nature profonde de prendre sur moi.

La crainte de ne pas être entendue, de ne pas être crue »

Pour en revenir au CNOSF, lorsqu’on est victime de ce type de situation, on n’a qu’une crainte : celle de ne pas être entendue, de ne pas être crue. C’est très dur. Et puis, il y a quelques jours, ma fille aînée m’a dit : « Maman, je n’en peux plus. Quand vas-tu dire la vérité ? Que vas-tu faire pour qu’on arrête de dire des choses aussi injustes ? Il est temps ! Moi, j’ai peur, il ne nous reste qu’un seul parent, c’est injuste, c’est toi qui subis. Ce n’est pas possible, parle ! S’il te plaît, parle ! »

Tennis de table pour Brigitte Henriques dans le cadre de l'opération "Sentez-vous Sport" - ©  CNOSF

Le fait que vous soyez une femme a-t-il selon vous une influence sur la situation que vous décrivez ?

Une femme n° 1, cela modifie le paysage »

Évidemment, ça a changé les codes. Une femme n° 1, cela modifie le paysage. Ajoutez à cela le fait que je n’obéisse pas au doigt et à l’œil de ceux qui avaient pu me soutenir. J’avais pourtant précisé à ceux qui m’accompagnaient pendant la campagne qu’on ne pouvait pas me forcer la main, que j’étais une femme libre, que j’avais besoin d’être libre de choisir et de penser. J’avais clairement insisté sur ce point à l’époque.

Une rupture sur le plan de la méthode de travail »

Une fois l’élection gagnée, certains ont constaté que ce n’était plus comme avant, que les choses ne se décidaient plus entre deux couloirs, mais dans la transparence avec les élus du Bureau exécutif qui sont associés aux décisions. J’ai souvent affirmé que Denis (Masseglia Président d’honneur @ Comité national olympique et sportif français (CNOSF)
• Agrégé de sciences physiques • International d’aviron en 1969, 1970, 1974• Champion de France 1969, 1980 et…
) avait effectué un travail remarquable pendant 12 ans (2009-2021), notamment dans la défense de la pratique en club fédéré, comme dans sa vision pour « Sport en France » (la chaîne de télévision du mouvement sportif), mais que je serais dans la rupture sur le plan de la méthode de travail.

Brigitte Henriques (CNOSF), Thomas Bach (CIO), Amélie Oudéa-Castéra (ministre des Sports et des JOP) et Tony Estanguet (Paris 2024) de g. à dr. - ©  Paris 2024

Un rôle de chef d’orchestre »

Je n’ai jamais dit que cela serait mieux, mais que cela serait différent. Notre volonté de concertation et de transparence ne devrait gêner personne. Chacun doit être à sa place : mon rôle est de donner le rythme, en tant que chef d’orchestre, et de mettre en lumière la compétence de tous ceux qui sont autour de moi, au service du projet, dans une posture de présidente.

Tous les jours, j’avais l’impression qu’on me tapait sur la tête pour que ça ne fonctionne pas »

Je suis très fière de la qualité de nos équipes, des élus, de mon Bureau exécutif. Ils sont engagés et d’une grande loyauté car ils auraient pu me lâcher ou ne pas me croire lorsque je leur ai révélé la situation. Ils me soutiennent, car nous savons l’énergie qu’il nous a fallu déployer pour que les usages changent, pour que ça avance… Et tout cela très vite, parce que le temps est compté, à seulement deux ans des Jeux. Et pourtant, tous les jours, j’avais l’impression qu’on me tapait sur la tête pour que ça ne fonctionne pas.

Le fait que vous veniez du monde du football a-t-il joué ?

Je n’ai jamais été footballeuse professionnelle, je n’incarne donc pas le football business »

Quand j’ai fait campagne pour la présidence, j’incarnais le football et cela dérangeait. Alors, j’ai passé une heure et demie avec tous les présidents, avec les 108, pour leur expliquer d’où je venais. Je viens de tout en bas, j’ai franchi tous les échelons. J’ai connu le football à l’époque où on n’accueillait pas les filles dans les clubs. Il a fallu tout changer, faire tomber les barrières culturelles. Je n’ai jamais été footballeuse professionnelle, je n’incarne donc pas le football business. Au contraire, j’incarne ce combat qu’il a fallu mener pour être reconnue. J’ai convaincu énormément de présidents durant la campagne et lorsqu’ils ont découvert ma personnalité, ils ont constaté à quel point j’étais davantage dans mon élément au contact des bénévoles, des licenciés, de tous ceux qui font le sport au quotidien. Toute ma vie, j’ai vécu dans l’ambiance familiale des clubs, avec des gens de toutes les générations, au cœur de la diversité sociale, de la mixité, à partager des joies simples…

Brigitte Henriques, présidente du CNOSF, sur le terrain, à Dunkerque (Nord) - ©  CNOSF

D’ailleurs, depuis un an, tout le monde avait fini par oublier que je venais du football. Alors pourquoi, reparle-t-on du football tout à coup ? C’est une volonté d’instrumentalisation. Quant à dire que je suis autoritaire, c’est simplement un angle d’attaque à mon égard. Oui, au CNOSF, nous avons changé les manières de faire, mais ça n’a rien à voir avec le football !

Je ne me crois pas autoritaire, en revanche je suis exigeante »

D’autres à la tête de nos institutions fonctionnent aussi en mode projets. Je travaille beaucoup. Je ne me crois pas autoritaire, en revanche je suis exigeante : je veux atteindre les objectifs dans un temps qui est très court. Il nous faut donc aller vite. On essaie de me faire passer pour quelqu’un doté d’œillères, qui n’écoute personne et travaille seule. Au contraire, je sais écouter tous les arguments ; que ce soit avec les salariés ou avec mon équipe d’élus, nous travaillons ensemble. Je note surtout une résistance au changement de la part de ceux qui ne sont plus, ou pas, aux manettes. Sans doute n’auraient-ils pas géré l’instant présent comme je l’ai fait, démocratiquement et sans ambiguïté.

Didier Seminet vous a reproché aussi d’avoir recruté des personnes venues « du monde du football » …

J’avais besoin qu’on change vraiment les choses en matière financière »

Notre directrice générale, Lise Cosimi
, ne vient pas du monde du football. Son univers professionnel est celui de la télévision et des broadcasters. A ce titre, elle a travaillé sur de nombreux grands événements sportifs dont des Coupes du monde de la FIFA Fédération Internationale de Football Association , mais aussi des Championnats d’athlétisme, de volley et plein d’autres compétitions. Notre directeur financier (Christophe Moreaux), lui, nous est venu de la Fédération Française de Football • Création : 07/04/1919• Produits d’exploitation 2022-23 : 281,9 M€ (contre 274,2 en 2021-22)• Charges 2022-23 : 277,8 M€ (contre 274,3 M€ en 2021-22)• Résultat d’exploitation 2022-23 : + 4,1 M… . Je connaissais sa compétence et j’avais besoin qu’on change vraiment les choses en la matière. Changer les outils et la manière de construire les budgets, responsabiliser élus et collaborateurs en les impliquant dans la construction budgétaire, tout cela dans la transparence comme dans la structuration car un budget, c’est un projet commun. Chaque direction du CNOSF est responsable des projets pour lesquels elle doit aussi s’interroger sur leurs financements, tout le monde est concerné. C’est une vraie rupture et je la souhaitais. Enfin, cette construction collective est partagée et arbitrée par le Bureau exécutif, peut-être que ça aussi, ça dérange…

Que va-t-il se passer lors du conseil d’administration du mercredi 12/10/2022 ?

Nous allons proposer que la réunion sur l’avenir du mouvement sportif ait lieu au CNOSF le 13/10/2022 »

Avec les quatre élus qui vont prendre pour quelques temps la gestion opérationnelle du CNOSF (Jean-Pierre Siutat, Michel Callot, Astrid Guyart et Sébastien Poirier), pour me permettre de souffler un peu, nous allons consulter les fédérations par petits groupes et leur exposer clairement la situation. Nous allons aussi proposer que la réunion organisée le jeudi 13/10/2022 - à l’initiative d’André Leclercq (président du Comité français Pierre de Coubertin) qui a d’ailleurs dépassé les limites à mon égard dans les accusations concernant la FFF Fédération Française de Football - pour discuter de l’avenir du mouvement sportif, ait lieu au CNOSF. C’est là qu’elle doit avoir lieu et non à la Fédération française de Judo dont son président, Stéphane Nomis, m’a dit qu’on lui avait demandé la salle, qu’il l’avait mise à disposition, mais qu’il n’était pas un frondeur.

• Jean-Pierre Siutat : premier vice-président du CNOSF, en charge de la Stratégie internationale, président de la Fédération Française de Basket-ball.

• Michel Callot : trésorier du CNOSF, président de la Fédération Française de Cyclisme.

• Astrid Guyart : secrétaire générale adjointe du CNOSF, coprésidente de la Commission des athlètes de haut-niveau.

• Sébastien Poirier  : vice-président du CNOSF en charge de la Transformation économique, président de la Fédération Française de Motocyclisme.

Parler à tout le monde et ouvrir davantage le débat »

Nous souhaitons parler à tout le monde et réfléchir à la manière d’ouvrir à l’avenir davantage le débat. Nous avons la chance d’avoir des divergences de point de vue qui sont constructives, à l’image des propositions soutenues par Emmanuelle Bonnet-Oulaldj Coprésidente @ Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT) • Membre du conseil d’administration @ Comité national olympique et sportif français (CNOSF)
(candidate à la présidence face à Brigitte Henriques le 29/06/2021, coprésidente de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail) qui participe pleinement à nos débats, comme d’autres.

Il y a ceux qui veulent ma chute »

Cela étant, il y a ceux qui veulent ma chute parce que j’ai changé beaucoup de choses et qu’ils ont le sentiment que je n’ai pas été fidèle. Évidemment, ceux-là aimeraient que je ne sois plus là, mais je ne crois pas que ce soit dans un souci d’intérêt général. Ce sont des règlements de comptes. Donc, nous proposons de se dire les choses clairement.

Ça, lors de la réunion du jeudi 13/10/2022. Mais il y a le conseil d’administration, la veille…

Lors de ce conseil d’administration, nous allons proposer la nomination d’un ou d’une secrétaire général(e).

Connaissez-vous déjà son identité ?

Nous allons aussi ouvrir un champ des échanges »

J’avais plusieurs pistes et j’ai bien avancé… Nous allons aussi ouvrir un champ des échanges. C’est le fruit de discussions que j’ai eues avec les présidents après le conseil d’administration du 12/09/2022. Même si notre fonctionnement est bien en place et qu’il y a de nombreux débats au niveau du Bureau exécutif - chaque vice-président y présente l’état d’avancement de ses dossiers - nous devons aussi porter des débats au niveau du conseil d’administration, afin que tout le monde soit au même niveau d’information et puisse apporter sa contribution.

Nous allons donc poursuivre la démarche de communication menée en Assemblée générale : en mai dernier, celle-ci a approuvé le rapport d’activité et le rapport financier à un niveau qui constitue parait-il un record.  

Le CNOSF a connu un mercato auquel il a aussi participé, c’est la loi du marché du travail »

Nous allons également préciser un certain nombre de points et donner les bonnes informations à nos élus, notamment concernant les mouvements de personnel. Il a été dit qu’il y avait eu 33 départs au CNOSF depuis mon arrivée. A ma connaissance, il y a eu quatre ruptures conventionnelles, dont certaines pour faute, mais les départs sont pour l’essentiel des fins de stages, des fins de contrats d’alternance, des fins de CDD, des départs en retraite et des collaborateurs qui ont choisi d’aller s’installer en province après la crise sanitaire. Et puis, comme toute organisation professionnelle, le CNOSF a connu un mercato auquel il a aussi participé, c’est la loi du marché du travail.

Le monde d’avant veut revenir aux commandes »

Enfin, nous irons au-devant de ceux qui ne sont pas au conseil d’administration et qui veulent qu’on en finisse avec cette situation de crise qui n’a pas lieu d’être et peut faire penser que le monde d’avant veut revenir aux commandes.

Enfin, lors du prochain Bureau exécutif, nous dresserons la liste des missions et représentations qu’avait le secrétaire général (Didier Seminet), celles qu’il peut conserver en sa qualité de membre du conseil d’administration et celles auxquelles il ne peut plus prétendre car elles relèvent du secrétariat général.

 Avez-vous eu l’occasion d’expliquer la situation à la ministre Amélie Oudéa-Castéra
• ENA (2002-2004) Administration publique • ESSEC Business School (1999-2001) Master of Business Administration • Université Panthéon Sorbonne (Paris I) (1999-2001) Maîtrise de droit
 ?

Brigitte Henriques, présidente du CNOSF, et Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques - ©  CNOSF

Le CIO est précisément au courant de la situation »

Bien sûr. Le CIO Comité International Olympique (International Olympic Committee, IOC) , dont nous dépendons, est également précisément au courant de la situation. Nous étions à Lausanne en juillet dernier pour présenter la déclinaison de notre programme, ce qui a été très apprécié. Je suis d’ailleurs très fière d’avoir été récemment nommée à la commission du CIO sur l’égalité des genres, la diversité et l’inclusion. A l’instar d’Éric Monnin, qui a été nommé à la commission pour l’éducation olympique : ce sont de belles reconnaissances.

Et avec Tony Estanguet Président du Comité d’organisation @ Paris 2024 - Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques • Membre @ International Olympic Committee (IOC / CIO Comité international olympique… et Paris 2024, comment travaillez-vous ? 

Les rôles sont désormais clarifiés »

Après les Jeux de Tokyo (décalés en 2021), j’avais la volonté de procéder à un bilan partagé. Nous avons entamé ce travail d’équipe. La première fois que j’ai rencontré la nouvelle ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, je lui ai dit combien il était essentiel de mettre tous les acteurs autour de la table, de partager la vision et de clarifier les rôles de chacun pour partir ensemble en ordre de bataille. La ministre a organisé cela avec beaucoup de diligence, et cela s’est matérialisé par un séminaire à l’INSEP Institut national du sport, de l’expertise et de la performance , le 18/07/2022. Les rôles sont désormais clarifiés. Début octobre (06/10/2022), celui de la Direction des Sports a également été précisé par rapport à l’Agence nationale du Sport Groupement d’intérêt public créé le 24/04/2019 avec deux missions principales : la haute performance et le développement des pratiques sportives. avec qui nous travaillons en parfaite collaboration.

Claude Onesta (ANS), Brigitte Henriques (CNOSF) et Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, le 18/07/2022 - ©  CNOSF

Quant à Tony (Estanguet) et Marie-Amélie (Le Fur Représentante du mouvement sportif @ Conseil économique, social et environnemental (Cese) • Membre du conseil d’administration @ Paris 2024 - Comité d’organisation des Jeux olympiques et… , CPSF Comité Paralympique et Sportif Français ), nous échangeons régulièrement, comme nous le faisons avec Amélie Oudéa-Castéra. Marie-Amélie et moi-même avons d’ailleurs été associées au Conseil Olympique et Paralympique autour du président de la République. Nous travaillons dans un écosystème qui gagne en fluidité.

Retrouvera-t-on bientôt cette fluidité au sein du CNOSF ?

Derrière tout cela, il y a d’autres enjeux… »

Je le rappelle, il s’agit au départ un point de gouvernance interne. En effet, dans quelle structure ou organisation, lorsque l’on constate que cela ne fonctionne pas au niveau du binôme présidence-secrétariat général, alors que l’on expose le problème et qu’à l’appui d’un vote démocratique on décide à la majorité requise de changer les choses, cela débouche ainsi sur une situation d’une telle violence ? Cela veut bien dire que derrière tout cela, il y a d’autres enjeux… J’ai à nouveau envoyé un message jeudi dernier (06/10/2022) à l’ensemble des élus du conseil d’administration, du Bureau exécutif et des salariés pour leur dire : il faut que ça s’arrête ! Cela suffit, toute cette polémique parce que l’on a changé quelqu’un de poste ! Je le répète, il faut raison garder et laisser le CNOSF travailler.

Cette période de repos et de recul que vous allez vous octroyer après le conseil d’administration du 12/10/2022, elle va durer combien de temps ? Quelques semaines ? 

Je n’ai rien voulu montrer parce que c’est ma nature profonde »

Jusqu’ici, je n’ai pas souhaité parler afin de respecter la confidentialité des process internes et des personnes concernées. Mes élus les plus proches se sont également tenus à ce devoir de réserve. Parallèlement, je n’ai rien voulu montrer parce que c’est ma nature profonde. Pour surmonter différentes épreuves dans ma vie, je me suis forgée une carapace, sûrement par pudeur. Comme d’autres, j’ai connu des moments très durs et je n’ai jamais rien montré. Mais je ne suis pas surhumaine. Ce que je vis depuis plusieurs mois m’a épuisée et je n’aurais pas imaginé ça lors de mon élection.

Je dois reprendre des forces »

Tout le monde me dit que, vu de l’extérieur, c’est d’une violence inouïe ce qui se passe depuis début septembre. Je dois reprendre des forces pour poursuivre toutes les actions qui ont été lancées et dont je suis tellement fière, avec ce changement de méthode, avec la transversalité du projet, l’implication des vice-présidents en lien avec les services…

Je reste présidente »

Il a fallu nous organiser pour déployer notre pleine puissance. Avec le soutien des directeurs et des services, nous avons beaucoup compensé.  Pour ma part, en tant que femme et qu’être humain, j’ai « ramassé » comme on dit. Il va me falloir un peu de temps pour recharger les batteries. Je suis entourée par un quatuor d’élus et un Bureau exécutif mobilisé. Le CNOSF demeure concentré sur son projet. Je continuerai d’assumer la présidence des Bureaux exécutifs et des conseils d’administration, ainsi que mes missions au sein des conseils d’administration de l’ANS Agence nationale du Sport, créée le 24/04/2019.
Groupement d’intérêt public qui a deux missions principales :
• La haute performance.
• Le développement des pratiques
et de Paris 2024 Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. . Je reste présidente. "

Brigitte Henriques, présidente du CNOSF Comité National Olympique et Sportif Français , à News Tank le 10/10/2022

La crise au sein du CNOSF

Brigitte Henriques


• Internationale française (31 sélections entre 1988 et 1997, 2 buts).

• Clubs : JSF Poissy, FC Féminin Juvisy Essonne (triple championne de France), ASJ Soyaux-Charente.

• Diplômée du Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (7e promotion, 2011-2013).

• Agrégée d’Éducation Physique et Sportive.

• Titulaire de la licence A d’entraîneur de football depuis 2004.


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Parcours

Agence nationale du Sport
Vice-présidente
Fédération Française de Football (FFF)
Vice-présidente déléguée
Comité national olympique et sportif français (CNOSF)
Vice-présidente déléguée en charge de la diversité des pratiques
Paris Saint-Germain (PSG)
Manager général de la section féminine

Fiche n° 2108, créée le 20/02/2014 à 15:08 - MàJ le 20/05/2024 à 11:26

Comité national olympique et sportif français (CNOSF)

Création : 22/02/1972
Président : David Lappartient (élection le 29/06/2023 par le conseil d’administration, validée en assemblée générale le 13/09/2023)
Secrétaire générale : Astrid Guyart (depuis le 12/10/2022)
Trésorier : Michel Callot (depuis le 06/07/2021)
Directeur général : Skander Karaa

Produits d’exploitation (2023) : 27,13 M€ (28,11 M€ en 2022, 30,96 M€ en 2021)
Charges d’exploitation (2023) : 26,83 M€ (27,51 M€ en 2022, 30,82 M€ en 2021)
Résultat courant avant impôt (2023) : 485 516 € (828 514 € en 2022, 235 459 € en 2021)
Résultat net (2023) : 383 517 (706 159 € en 2022, 225 480 € en 2021)

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Catégorie : Instances
Entité(s) affiliée(s) : Sport en France


Adresse du siège

1 avenue Pierre de Coubertin
75640 Paris Cedex 13 France


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Fiche n° 978, créée le 06/02/2014 à 18:33 - MàJ le 18/11/2024 à 16:47

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Brigitte Henriques, présidente du CNOSF, lors du Séminaire sur la gouvernance du sport le 18/07/2022 - ©  CNOSF