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ExclusifCovid-19 : « Un club, c’est une sorte d’intégrateur social » (Magali Munos, présidente du CA Paris 14)

News Tank Football - Paris - Entretien n°183364 - Publié le 18/05/2020 à 10:01
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©  D.R.
Magali Munos - ©  D.R.

« Un club, c’est une sorte d’intégrateur social et on fait un parallèle assez simple : on se dit que si une jeune fille ou un jeune garçon parvient à se construire et à trouver sa place, aujourd’hui, au sein d’une équipe et d’un collectif, il lui sera peut-être plus facile de trouver sa place au sein de la société, demain », déclare à News Tank Magali Munos Conseillère Sports au cabinet de la maire @ Ville de Paris • Membre du conseil d’administration @ FONDA (laboratoire d’idées sur le monde associatif)
, présidente du CA Paris 14 (Club Athlétique de Paris 14e), le 18/05/2020.

Magali Munos, engagée dans le monde sportif depuis 20 ans, a été joueuse et éducatrice au CA Paris 14, club de football historique et populaire du 14e arrondissement de Paris, avant de devenir, en janvier 2018, à 34 ans, la première femme présidente d’un club parisien de plus de 600 licenciés.

« Nous étions 775 licencié(e)s en 2018-19, nous sommes aujourd’hui 803, ce qui représente une trentaine d’heures d’entraînement par semaine. Et le week-end, ce sont une quarantaine d’équipes qui jouent à domicile ou à l’extérieur. Quand soudain la machine s’arrête, cela laisse un grand vide… », souligne le jeune présidente.

« Pour les joueuses, pour les joueurs, cela donne un goût d’inachevé et la quarantaine d’éducateurs se retrouvent désœuvrés. Cela laisse un sentiment étrange, mais la décision d’arrêter était vraiment logique et sage et n’aurait pas dû provoquer autant de polémiques, même si c’est évidemment facile de dire ça quand on n’est pas dans la situation d’un club qui se sent lésé », ajoute-t-elle.

La vie ne s’est pourtant pas arrêtée au CA Paris 14 depuis le 13/03/2020 et l’arrêt des compétitions. « Nous avons “profité” de ce moment pour tenter d’innover sportivement, afin de maintenir un lien social fort, mais différent avec nos licenciés », indique Magali Munos, dont le club a multiplié par ailleurs les actions en direction du quartier : « La puissance d’un club s’exprime aussi à travers le sens du collectif et le principe de solidarité qui continuent malgré tout à exister. »

Magali Munos, qui n’a pas craint de démissionner de son emploi de responsable de la Communication de l’Inseec U en novembre 2018 pour se consacrer à 100 % à ses fonctions de présidente bénévole, répond aux questions de News Tank.


« Toutes les actions éducatives menées par les clubs aujourd’hui, c’est la société qui va en bénéficier plus tard » (M. Munos, CA Paris 14)

 « Tous les Championnats amateurs féminins et masculins de toutes les catégories d’âge, les divers tournois et rassemblements, les entraînements et l’activité des écoles de football sont interrompus à compter du vendredi 13/03/2020 et jusqu’à nouvel ordre. Ils reprendront dès que les conditions sanitaires le permettront », a annoncé Noël Le Graët
• 1964 : VRP Multicartes
, président de la FFF Fédération Française de Football le 12/03/2020. Que sont devenues vos infrastructures depuis ?

CA Paris 14 - ©  D.R.
La mairie de Paris (via la DJS, la Direction de la Jeunesse et des Sports) nous a aussitôt envoyé un message nous indiquant que les installations sportives seraient fermées et inaccessibles jusqu’à nouvel ordre. Cependant, les agents de la mairie assurent de tour de veille et la DJS reste très disponible et nous envoie régulièrement des informations. La Mairie de Paris est très présente.

Combien de terrains avez-vous ?

Notre terrain principal, c’est le Stade Didot (18 avenue Marc Sangnier Paris XIVe). Nous utilisons aussi le gymnase Didot pour le futsal. Nous avons quelques créneaux le mercredi et le jeudi sur le Stade Jules-Noël (3 avenue Maurice d’Ocagne, Paris XIVe). Et à la rentrée, nous aurons la chance de pouvoir bénéficier d’un nouveau terrain de « futsal extérieur », héritage de la Coupe du monde féminine 2019 Organisée en France, du 07/06 au 07/07/2019, dans neuf villes : Grenoble, Le Havre, Lyon, Montpellier, Nice, Paris (Parc des Princes), Reims, Rennes et Valenciennes. , donné par la FFF Fédération Française de Football aux villes hôtes et aménagé par la Ville. L’objectif étant de continuer à diversifier nos pratiques et nos publics.

Et pour les matches du week-end, nous « débordons » parfois à Suzanne-Lenglen (dans le XVe) ou sur d’autres terrains, même lorsque nous jouons « à domicile »

Comment a circulé l’information au début de crise sanitaire en direction de vos licenciés ?

Un contact quasi permanent avec les éducateurs »

A la mi-mars, nous avions tous le même niveau d’information via les médias. Nous avons par la suite gardé un contact quasi permanent avec les éducateurs, en leur demandant à leur tour de maintenir le contact avec leurs joueurs ou joueuses. Nous étions attentifs aux éventuelles remontées des familles qui pouvaient se retrouver en difficulté. Nous sommes rapidement rentrés en contact avec l’équipe de développement local du XIVe arrondissement qui fait du bon boulot pour les habitants du quartier.

Par ailleurs, tous les deux ou trois jours, j’envoyais des informations aux éducateurs pour les tenir informés des décisions sportives prises au niveau de la FFF Fédération Française de Football , de la Ligue d’Ile-de-France et du District des Hauts-de-Seine. La LPIFF Ligue d’Ile-de-France de Football a mis en place un dispositif d’information utile pour les clubs, par un extranet, une newsletter et une permanence téléphonique terriblement réactive !

CA Paris 14 - ©  D.R.

Pas du genre à attendre que l’orage passe »

Nous leur donnions également des nouvelles des activités du club. Car en réalité, si les activités sur le terrain se sont arrêtées, nous avons « profité » de ce moment pour tenter d’innover sportivement, afin de maintenir un lien social fort, mais différent avec nos licenciés. Nous ne sommes pas du genre à attendre que l’orage passe, nous en profitons pour jouer sous la pluie.

Comment cela s’est-il traduit ?

De trois manières :

Une expérience dans l’eSport consolidée »

1.- D’abord, nous avons organisé des tournois FIFA (eSport) en interne dans un premier temps, puis ouvert à d’autres joueurs et d’autres clubs. Nous en sommes à notre quatrième édition. On avait déjà lancé l’eSport au club depuis un an et demi, mais la période de confinement a permis de consolider notre expertise en la matière et en septembre 2020, nous allons officiellement lancer une section eSport. Une réelle attente et un marché en plein essor sont à saisir.

Défis techniques et physiques trois fois par semaine »

2.- Ensuite, on a développé une nouvelle offre baptisée « FootADom’ » : trois fois par semaine, on envoie à nos licenciés une fiche avec des défis techniques et physiques et des quizz. On réalise ensuite un petit montage à partir des vidéos qu’ils nous font parvenir. Les retours sont très positifs de la part des parents. Cela permet de retrouver des repères qui rythment la journée et de structurer la semaine, le rapport au temps étant quelque peu chamboulé en période de confinement.

Des webinaires pour les éducateurs »

3.- La troisième activité est destinée aux éducateurs : pour assurer la continuité de leur formation et en toute modestie -il ne s’agit pas de remplacer les formations fédérales-, on organise des webinaires sur différentes thématiques (préparation de la séance d’entraînement, programmation de la semaine, causerie d’avant-match, rôle pendant le match…).

Nous faisons cela avec notre partenaire, le Paris FC (Domino’s Ligue 2 Deuxième division française (20 clubs) ; contrat de sponsoring titre avec Domino’s Pizza France pour 2016-2020 ) : le samedi à 11 heures, nous avons un intervenant du PFC et un de chez nous. Il y a un peu de théorie et beaucoup de partages d’expériences. Les retours sont très enthousiastes, on a réalisé un petit sondage sur les thématiques à aborder prochainement : la demande sur le « management » est très forte.

"Tous différents, tous unis, tous fiers de nos couleurs", la devise du club - ©  CA Paris 14

Les éducateurs méritent la plus grande considération »

N’oublions pas qu’ « en temps normal » , les éducateurs sont au cœur du réacteur, ce sont eux qui sont au contact de nos enfants, de nos ados. Ils sont un peu des modèles et aujourd’hui sont complètement désœuvrés (malgré toutes les actions de solidarité qu’ils peuvent mener par ailleurs) : ils méritent la plus grande considération de notre part, même -et surtout- en période de confinement. Habituellement, ce sont aussi eux qui sont « en première ligne ». Ils méritent également que nos regards se tournent vers eux.

Tous sont bénévoles ?

Oui, nous n’avons qu’un salarié au club, que nous n’avons pas mis au chômage partiel, au regard de toutes les actions réalisées durant le confinement.

Répartition des 800 licenciés FFF :

• Section senior féminine (de U18 F à Senior F) : 150

• Section senior masculine (de U18 à vétérans) : 120 

• Section jeunesse (de U6 à U16 et U15F) : 430

Le CA Paris 14 en chiffres :

• Une quarantaine d’équipes

• 45 éducateurs bénévoles

• 55 dirigeants

• 6 équipes féminines dont 3 en R1, R2, R3

• Équipes masculines fanions U16 U18 Senior en D1

• Une équipe sport adapté de 25 joueurs licenciés FFSA (qui joue maintenant dans un championnat classique)

• Une section sportive féminine avec le lycée François Villon

• Foot’elles avec l’école Maurice d’Ocagne

• Foot à l’école avec l’école Fournier

Partenariats

• Avec le Paris FC

• Avec le SPAB (association du Sport au Barreau de Paris)

• Avec Play International

• Avec l’École d’Ostéopathie de Paris

• Avec le centre d’animation Marc Sangnier

- Collaboration avec le centre socioculturel Maurice Nogues

- Collaboration avec la mission locale

- Huit semaines de stages Paris Sport Vacances Gratuits 

A côté des actions internes, vous avez aussi des activités en direction de votre quartier ?

Une action contre la fracture numérique »

Au tout début du confinement, nous avons lancé un appel à la solidarité pour la cité scolaire voisine du club. Nous sommes dans un quartier « Politique de la Ville » où existe une fracture numérique assez importante. Pas mal d’enfants - licenciés ou non au club- n’avaient aucun matériel numérique. Nous avons donc lancé sur les réseaux du club un appel pour recueillir des ordinateurs ou des clés 4G afin de les transmettre au collège-lycée voisin.

Autre action, initiée par la mairie de Paris et relayée par celle du XIVe : 10 kilos de fruits et légumes frais pour 20 euros. Le club s’en est fait le relais et cela a été très apprécié dans le quartier où le pouvoir d’achat n’est pas très élevé.

Cette crise a révélé une véritable intelligence collective »

Nous travaillons désormais avec les autres acteurs du quartier (centre social, centre d’animation, etc.) sur un partage des bonnes pratiques pour la reprise des activités. Si cette crise a mis en lumière les fragilités de nombreux systèmes, elle a aussi révélé des actions de solidarité spontanée et un réseau rapidement mobilisable et adaptable, en clair une véritable intelligence collective.

On se rend compte qu’un club de football, c’est bien plus que des entraînements et des matches ?

Des activités sociétales qui ont permis de maintenir les liens que la pandémie a rompus »

Ces activités sociétales ont permis de maintenir les liens que la pandémie a rompus. La puissance d’un club s’exprime aussi à travers le sens du collectif et le principe de solidarité qui continuent malgré tout à exister. Dans le quartier, « en temps normal », on voit bien que le club est un lieu d’échanges, de partage de victoires et de défaites, de peines et de joies, c’est un lieu de découverte de soi et des autres. Le quartier et la société ont besoin de ça ! Un club, c’est une sorte d’intégrateur social et on fait un parallèle assez simple : on se dit que si une jeune fille ou un jeune garçon parvient à se construire et à trouver sa place, aujourd’hui, au sein d’une équipe et d’un collectif, il lui sera peut-être plus facile de trouver sa place au sein de la société, demain.

Toutes les actions éducatives menées par les clubs aujourd’hui, c’est la société qui va en bénéficier plus tard.

"Un club, c’est aussi une cellule de construction de l’individu", souligne Magali Munos - ©  CA Paris 14

Tout seul, on ne va pas tellement loin »

A l’instar de l’école ou de la famille, un club c’est aussi une cellule de construction de l’individu, un lieu de développement de la confiance et de la conscience : de la confiance en soi, aux autres et de la conscience de la force du collectif, que tout seul, on ne va pas tellement loin. L’épidémie affecte la vie, la confiance qu’on a dans la vie, la confiance qu’on a dans les autres. Cette crise met en avant des peurs plus ou moins rationnelles, mais elle a permis aussi de faire émerger de superbes solidarités au sein du club, du quartier, de la Ville.

Ce qu’on doit éviter maintenant, c’est que le virus infecte le corps social »

Ce qu’on doit éviter maintenant, c’est que le virus infecte le corps social et tue tout ce qu’on bâtit, qu’il s’attaque à nos solidarités et soit le lit de la peur de l’autre et de l’intolérance. On ne veut pas que la peur de mourir prenne le pas sur l’envie de vivre. Car si on en arrive là, cette fameuse « guerre », on l’aura perdue. Au club, on va devoir continuer notre combat, celui qui nous maintient éveillé, le combat pour l’éducation, pour l’émancipation et pour l’égalité. Et pour le coup, nous avons hâte de retourner sur le terrain.

Y a-t-il eu au sein du club une volonté partagée de surmonter la crise ?

Le présent finit toujours par devenir de l’histoire ancienne »

Plus qu’une volonté, presque un réflexe ! C’est le principe même de notre sport, le sens du collectif, le but commun. S’appuyer sur les forces des uns et des autres. Comme pour un match. L’adversaire est là, on ne le voit pas certes, mais il a aussi ses faiblesses et c’est collectivement et avec responsabilité, qu’on parviendra à vaincre. On doit nécessairement surmonter cette crise. Le présent finit toujours par devenir de l’histoire ancienne. C’est vers demain que l’on doit se tourner, en tirant des enseignements pour éviter de repartir pour un tour.

Quel est le budget de votre club ?

Un budget de 260 000 euros »

260 000 euros. Avec trois sources principales de ressources : les subventions, les cotisations et les partenariats privés, si possible qui font sens. Évidemment se pose la question du modèle économique « fragile » des clubs. Les questions qui se posent sont assez simples : les subventions vont-elles baisser ? Les partenaires privés, qui vont eux-aussi, être touchés par la crise, pourront-ils continuer à soutenir les clubs ? Et allons-nous augmenter le prix des licences pour compenser une éventuelle baisse du nombre de licenciés ?

Le prix des licences n’augmentera pas, le football est un produit populaire et il doit le rester »

Pour les deux premières questions, subventions et partenariats, les réponses ne m’appartiennent pas. Je peux simplement inviter les décideurs à ne pas regarder uniquement ce que ça coûte, mais à considérer ce que ça rapporte. Participer au développement des clubs, c’est utile, ça rapporte beaucoup à la société. En ce qui concerne le prix de la licence, la réponse est claire, c’est non ! Pas d’augmentation ! Le football est un produit populaire et il doit le rester. Il doit donc être accessible à tous. Les aides de la Fédération et de la Ligue seront donc les bienvenues.

CA Paris 14 : planning hebdomadaire "en temps normal" - ©  CA Paris 14

Quelles sont justement les relations d’un club amateur avec les instances depuis le début de la crise sanitaire et l’arrêt des compétitions ?

Moins de cacophonie qu’au niveau de la LFP »

La communication avec la Ligue d’Ile-de-France a été assez limpide, nous avons reçu des newsletters, des procès-verbaux du comité exécutif de la FFF Fédération Française de Football , on était au courant de ce qui se passait. Quand il a fallu attendre, on nous a prévenus que des décisions seraient prises plus tard. Il semble y avoir eu moins de cacophonie et de jeux de pression qu’au niveau de la LFP Ligue de Football Professionnel, association qui gère les compétitions professionnelles françaises (Ligue 1 Uber Eats, Ligue 2 BKT) .

Avez-vous déjà reçu des informations à propos des aides qui pourraient vous parvenir ?

Le maître-mot semble être solidarité »

On nous a annoncé qu’un « fonds de solidarité du football » allait être mis en place au profit des clubs amateurs. Ce fonds sera, semble-t-il, constitué d’une participation fédérale, d’une participation régionale (Ligues et Districts) et d’un partenaire. Le maître-mot semble être solidarité, j’ai le sentiment que le principe « on joue ensemble, on travaille ensemble et on affronte les difficultés ensemble », ce ne sont pas que des mots.

Le déconfinement vient de commencer en France. Comment voyez-vous l’avenir ?

Nous avons fait un petit sondage auprès de nos licenciées pour leur demander si elles viendraient en cas de réouverture du club. 85 % des filles ont répondu oui. Parmi les 15 % restants, 10 % disent « OK, mais hors de question de passer par le vestiaire » et « Ce serait cool de mettre au point des sens de circulation, etc. »

On sent une envie, un besoin, voire même une nécessité de revenir sur le terrain »

Mais quand on leur demande si elles sont prêtes à revenir avec respect de la distanciation sur le terrain et port du masque, on a plus de 90 % de non : « Aucun intérêt ! Le football, c’est un sport de contact, on veut dribbler, jouer épaule contre épaule, faire des têtes, etc. Le masque pour jouer au foot ? Hors de question. » On sent une envie, un besoin, voire même une nécessité pour la santé physique et mentale, de revenir sur le terrain, de retrouver les autres, et de jouer, tout simplement.

Ce confinement nous a appris la patience. Alors nous patientons. Nous mesurons la chance que nous avons eu jusqu’à présent, la forme d’insouciance dans laquelle nous vivions, mais à vrai dire, nous sommes confiants, optimistes. La vie finit toujours par retrouver son chemin.

Dans ces conditions, l’avenir s’écrit comment ? Et quand imaginez-vous remettre la machine en marche ?

Nous souhaitons, quand les conditions le permettront, une rentrée sereine, calme et responsable »

Nous ne projetons pas trop sur le « quand », mais plutôt sur le « comment » et  le « avec qui ». Nous avons profité de cette période pour préparer l’année prochaine, qu’elle commence en septembre ou en octobre. Certaines choses ne sont pas en notre pouvoir. Nous les attendons et nous en accommoderons. En revanche, au niveau du club, des choses nous appartiennent, comme le choix de l’équipe qui mènera le projet sportif et éducatif. Et évidemment, les mesures que nous pourrons mettre en place pour assurer au maximum la protection de nos licenciés, des éducateurs, des parents, des dirigeants. Nous souhaitons, quand les conditions le permettront, une rentrée sereine, calme et responsable.

Qu’est-ce que cette crise sanitaire va changer dans le club ?

Il va nous falloir un peu de sagesse et de volonté collective »

Cette crise a mis en lumière la fragilité et les limites de notre système. Il a besoin de croissance, mais la croissance ne respecte pas l’environnement. Bon, ok, et après ? Cette crise nous « invite » à constater qu’on ne peut plus continuer comme ça et à nous interroger sur le modèle de société que nous voulons pour demain. Veut-on, ad vitam aeternam, valoriser l’ « avoir » ? Est-ce qu’on a vraiment besoin de toujours plus ? Il va nous falloir un peu de sagesse et de volonté collective.

Le moment de collaborer un peu plus avec les associations de proximité »

A la modeste échelle d’un mini-club, on va interroger ce qu’on faisait avant, le soumettre à un examen critique. Peut-être est-ce réellement le moment de collaborer un peu plus avec les associations de proximité. D’être plus inclusif, plus collaboratif, plus écoresponsable. On va interroger notre positionnement, repenser notre offre de pratique, peut-être offrir plus de place aux pratiques santé, loisir, aux principes qui mêlent l’intergénérationnalité.

Le football féminin, un des axes forts du CA Paris 14 depuis plus de 10 ans - ©  CA Paris 14

Observer, analyser et surtout agir sont les missions de la « cellule green » »

C’est l’occasion de prendre la balle au bond. On va se servir d’une structure créée l’an dernier au sein du club, la « cellule green ». Ses missions ? Observer, analyser et surtout agir ! Sur les petites choses du quotidien, notamment dans le club house, qui est un lieu de convivialité où on peut faire passer des messages : gestion des déchets, suppression du plastique, sensibilisation au niveau des licenciés et du quartier… et relations avec les associations anti-gaspi voisines.

Peut-être que la FFF pourrait créer un label « vert », éco-responsable, ou inviter les clubs à se saisir de cette question. Deuxième axe : la place des activités loisir, sans but de performance…

Voire sans compétition ?

C’est peut-être désormais aux loisirs d’ordonner le monde »

Voire sans compétition, oui ! Nous sommes en train de questionner notre offre de pratique. La compétition reste un angle fort, mais pour atténuer cette logique de performance à outrance, on veut réfléchir à d’autres activités comme le fit foot (pratique dérivée du fitness à partir de la gestuelle du football), le foot pour séniors, le futsal loisir… L’effet post Coupe du monde féminine 2019 Organisée en France, du 07/06 au 07/07/2019, dans neuf villes : Grenoble, Le Havre, Lyon, Montpellier, Nice, Paris (Parc des Princes), Reims, Rennes et Valenciennes. a fait venir pléthore de débutantes désirant simplement s’entraîner, sans rentrer dans des contraintes compétitives. Ce n’est pas qu’une écume de surface, c’est une lame de fond. C’est peut-être désormais aux loisirs d’ordonner le monde.

Bon mais c’est vrai qu’à titre strictement personnel, j’adore la compétition !

Présidente d’un club de 800 licenciés, cela représente combien d’heures de travail par semaine ?

Magali Munos, présidente du CA Paris 14 - ©  D.R.
Je préfère ne pas compter… l’engagement est une valeur structurante. Apporter sa pierre à l’édifice est une chose que fait sens. J’entame ma troisième année et c’est formidable d’avoir du « pouvoir pour » faire avancer des choses, de les voir se réaliser, que d’une simple idée, à force de travail, elles prennent vie, elles existent. Mais ça prend du temps. Il y a un an et demi, contre l’avis de tous mes potes qui trouvaient ça (à raison) tout à fait irrationnel, j’ai quitté mon boulot -je suis au chômage- pour travailler « full full time » pour le club. Je ne passe pas une journée sans bosser pour le club ! En étant archi-bénévole évidemment. Mais il va falloir que je retrouve un boulot ! Et une structure ne peut pas tenir sur une personne, c’est irresponsable.

La vraie réussite : que les choses continuent à avancer quand on n’est plus là »

Je ne rends pas service au club en faisant autant de choses. Je prépare la suite, je ne suis pas du tout attachée à la fonction, ça ne m’a jamais intéressée d’être présidente d’un club, ce qui importe, c’est ce qu’on fait pour offrir une société peut-être un peu moins inégale et un peu moins injuste à ceux qui viendront après. La vraie réussite, c’est que les choses continuent à avancer quand on n’est plus là.

"Tous différents, tous unis, tous fiers de nos couleurs" - ©  CA Paris 14

Magali Munos


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Parcours

Ville de Paris
Conseillère Sports au cabinet de la maire
FONDA (laboratoire d’idées sur le monde associatif)
Membre du conseil d’administration
Ville de Paris
Chargée de mission auprès du directeur général de la Jeunesse et des Sports
CA Paris 14
Présidente
Omnes Éducation
Responsable Communication
CA Paris 14
Membre du conseil d’administration
Laureate International Universities
Chargée de communication
IUT de Cachan
Chargée de communication
Mairie du 14e arrondissement de Paris
Chef de projet événementiel

Établissement & diplôme

École supérieure de Gestion
MBA Management du Sport
Universidad de Granada (Espagne)
Master Staps
Université Paris 5 - Descartes
Licence Staps

Fiche n° 39514, créée le 16/05/2020 à 22:41 - MàJ le 28/10/2021 à 10:47
 

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Magali Munos - ©  D.R.