Il y a eu des spéculations sur le fait que beIN Sports pourrait se préparer à quitter le marché français après la signature des accords de distribution et de sous-licence avec Canal+. Qu’en est-il ?

« Les commentaires selon lesquels beIN Sports a l’intention de quitter le territoire français ne peuvent pas être plus éloignés de la vérité. C’est tout le contraire. Cet accord avec Canal+ garantit notre avenir à long terme en France et nous place dans une position beaucoup plus forte que celle dans laquelle nous étions avant. D’une part, nous aurons maintenant une distribution beaucoup plus importante en France, et d’autre part nous aurons également une meilleure assise financière, ce qui nous place dans une bien meilleure position sur le marché.

Dans le cadre de cet accord, des points ont dû être négociés, comme c’est le cas dans chaque négociation, et nous avons finalement décidé de céder nos droits Ligue 1 sur une courte période (cycle 2020-2024). En tant que diffuseur historique de la Ligue 1, Canal+ ne pouvait pas envisager de ne plus diffuser de matches de Ligue 1 pour la première fois de son histoire. Comme Canal+ était prêt à payer un prix important pour ces droits (330 M€ par saison pour le lot de beIN Sports), nous avons décidé qu’il valait mieux pérenniser notre business plan à long terme en France pour les 10 prochaines années. Nous avons donc opté pour un plan raisonné, équilibré et réfléchi plutôt que d’acquérir des droits à n’importe quel prix.

La Ligue 1 ne sera donc plus diffusée pour une courte durée, mais nous reviendrons lors du prochain cycle dans une position beaucoup plus forte avec une offre rationnelle pour ces droits, et d’autres. Récemment, nous avons de nouveau récupéré les droits de l’UEFA Champions League en France, avec la quasi-intégralité de la compétition en termes de volume. Nous avons également l’intégralité de l’UEFA Euro 2020. Tout cela a été possible parce que nous sommes dans une situation financière plus solide.

Ainsi, tout commentateur qui s’interroge sur l’avenir à long terme de beIN Sports en France est induit en erreur par les gros titres. Il est très facile pour n’importe quel diffuseur de faire la une des journaux en annonçant “Nous avons payé X montants pour ces droits !”. La question est la suivante : ces droits sont-ils basés sur un business plan rationnel sur deux, trois ou quatre ans ? Pouvez-vous rentabiliser ces droits ? Pouvez-vous atteindre les objectifs publicitaires et le nombre d’abonnés ? Nous nous sommes posés toutes ces questions, en l’occurrence, concernant les 330 millions d’euros qui ont été versés pour ces droits. Tout commentaire indiquant que cet accord avec Canal+ met beIN Sports dans une position plus faible est erroné. C’est un accord solide pour notre entreprise et pour notre avenir à long terme en France.

Avez-vous plus de détails sur les futures modalités de distribution et la mise en place de cet accord ?

L’important est maintenant que Canal+ négocie au nom de beIN Sports pour tous ces accords de distribution. Il incombe donc à Canal+ de négocier les meilleurs accords pour la distribution de beIN Sports sur leur plateforme. C’est donc à Canal+ de passer en revue tous les accords de distribution et d’essayer d’en obtenir le meilleur retour sur investissement.

La deuxième partie de l’accord, qui concerne les matches de Ligue 1, est assez simple. Comme cela a déjà été relayé dans la presse, Canal+ a acheté ces droits au prix que nous avons payé il y a environ un an. À cette époque, et encore aujourd’hui, l’appel d’offres des droits de la Ligue 1 fait l’objet de nombreuses observations quant à l’augmentation très importante des droits sur ce cycle [par Mediapro Activité : groupe audiovisuel (contenus, droits audiovisuels, services audiovisuel et digital & esport) Création : 1994 Sièges sociaux : Barcelone et Madrid Zone géographique : 30… et beIN Sports] - seul le temps nous le dira - mais dans le contexte global de cet accord, nous sommes dans une bien meilleure position aujourd’hui. On peut se demander si le marché français des chaînes de sports n’est pas surchargé d’au moins un ou deux diffuseurs, mais c’est aux autres d’y répondre.

Jaume Roures, président de Mediapro, a évoqué des discussions avec vous afin de créer une chaîne avec 100 % de la Ligue 1, vous n’étiez pas intéressés par ce projet malgré le fait que beIN LaLiga (chaîne commune Mediapro - beIN Sports) ait été un succès en Espagne ?

Je ne ferai pas de commentaires à ce sujet, mais je pense que si vous regardez le paysage audiovisuel sportif français, vous avez Canal+ qui dispose d’une plateforme avec une longue histoire, d’un énorme réseau de distribution et d’une entreprise pleinement opérationnelle qui connaît parfaitement son marché. Et puis, vous avez Mediapro qui est en train de négocier ses moyens de distribution en France dans des délais courts, ce qui n’est jamais l’idéal, et ne possède pas de base d’abonnés existante. Je pense que l’ensemble du marché attend de voir ce qui se passera dans l’année à venir.

En France, le partenaire évident pour nous, et avec qui nous avions déjà tenté de réaliser un partenariat comme vous le savez, est Canal+.

Est-ce que le piratage est une des raisons qui vous a poussé à revendre ces droits de la Ligue 1 ?

La menace du piratage est désormais intégrée dans toutes nos décisions commerciales, que ce soit dans le cadre des renouvellements de droits, de nouvelles acquisitions ou encore de renoncements à certains droits. Je ne dirais pas que le piratage était la raison pour laquelle nous avons décidé de céder les droits de la Ligue 1 à Canal+, mais il est certain qu’à travers chaque décision commerciale menée par beIN Media Group, qu’elle soit positive ou négative, le piratage rentre en ligne de compte.

Le piratage est la plus grande menace pour l’ensemble des diffuseurs au niveau international, que ce soient des acteurs OTT Over-the-top , les GAFA Google (internet) - Amazon (e-commerce) - Facebook (réseaux sociaux) - Apple (informatique) - Netflix (streaming) : ces cinq grands groupes américains issus des technologies et d’internet forment… comme Facebook Activité : réseau social • Utilisateurs quotidiens (décembre 2019) : 1,66 milliard (+9 % en un an) Création : février 2004 Fondateur et PDG : Mark Zuckerberg Vice président des… (qui a récemment annoncé son retrait des droits de sport), ou des diffuseurs traditionnels comme nous - le piratage est un destructeur de valeur pour l’ensemble des diffuseurs. Si les jeunes consommateurs peuvent avoir accès à tout sans ne jamais rien payer et que cela se normalise sans répercussions judiciaires, le piratage sera donc considéré comme acceptable, par conséquence la période de croissance sans fin du prix des droits sportifs sera terminée.

Fondamentalement, si vous ne pouvez pas rentabiliser les droits parce que les gens accèdent au contenu gratuitement, alors aucun diffuseur ne peut réussir. Le piratage n’est pas la raison de l’accord avec Canal+ en France, mais cela joue évidemment un rôle dans toutes nos décisions.

Vos droits de diffusion en France de LaLiga, la Serie A et la Bundesliga arrivent tous à échéance à l’issue de la saison 2020-21, est-ce une priorité de les renouveler ?

Il est évident que nous ne pouvons pas encore nous prononcer à ce sujet avant le début des discussions. Mais par principe, notre devise est la suivante : premium, mais proportionné ; nous continuerons donc à acheter des droits premium, mais uniquement à des prix proportionnés. Cela s’est avéré être le cas pour la Ligue des champions (en France), car nous avons payé moins que lors du cycle 2015-2018. Nous avons la quasi-intégralité des matches de la Ligue des champions 2021-2024 Publié le 29/11/2019 à 13:22
beIN Sports a acquis le lot B (intégralité des matches en direct, à l’exception de deux affiches par journée, une le mardi et une le mercredi) de l’appel d’offres pour les droits de diffusion en… , et cela à une fraction du prix que Canal+ a payé pour une minorité de ces matches. C’est la même chose pour l’Euro 2020, car nous avons payé beaucoup moins cher pour les droits de cette compétition que pour les mêmes droits en 2016. Ce sont donc des exemples d’achat de droits de football premium à des prix justes.

En ce qui concerne les renouvellements, tout détenteur de droits a intérêt à prendre le piratage très au sérieux et à protéger ses propres droits. Car au final, ce sont leurs droits, et nous ne sommes que le détenteur de la licence. Donc, à moins que les détenteurs de droits n’investissent davantage dans les opérations anti-piratage, il est probable que nous soyons moins intéressés par l’acquisition de ces droits. Nous sommes une entreprise et si nous ne pouvons pas rentabiliser les droits, nous ne les achèterons pas.

Pour rappel, en France, nous sommes bien plus que le diffuseur de la Ligue 1 ou de football - nous sommes le diffuseur du contenu sportif le plus varié et le plus complet. Nous avons actuellement la Ligue 1 - oui nous allons la céder pour un cycle, mais nous y reviendrons. Nous avons d’autres grandes ligues européennes de football, dont LaLiga Ligue espagnole de football professionnel , la Bundesliga Première division allemande (18 clubs). et la Serie A Première division italienne. 20 clubs. , mais aussi l’Euro 2020, la majorité de la Ligue des champions 2021-2024, la Coupe d’Afrique des Nations ou encore la Coupe du Monde de la FIFA Qatar 2022. Mais également une offre multisports complète avec les sports U.S (NBA National Basketball Association, Ligue professionnelle nord-américaine de basketball. , NFL National Football League, Ligue professionnelle US de football américain , MLB Major League Baseball, Ligue professionnelle de baseball nord-américaine (USA-CAN) ), les principaux évènements tennis (Wimbledon Activité : tournoi de tennis du Grand Chelem Création : 1877 Lieu : Wimbledon, banlieue de Londres (Royaume-Uni) Organisateur : AELTC (All England Lawn Tennis and Croquet Club) fondé en… , Fed Cup Compétition de tennis par équipes nationales féminines, organisée chaque année par l’ITF. Fondée en 1963. , Coupe Davis Compétition de tennis par équipes nationales masculines, organisée chaque année par l’ITF (Fédération internationale de tennis). Fondée en 1900. , circuit WTA Women’s Tennis Association, Association du tennis féminin. Fondée en 1973, basée à Saint Petersburg (FL, États-Unis). Organise les tournois du circuit de tennis professionnel féminin. ), la majorité du handball, le rugby, la natation et d’autres sports.

Nous sommes un diffuseur majeur en France, mais j’ai l’impression que l’on croit toujours que nous ne sommes que de passage. À titre de comparaison, au Royaume-Uni, Sky base presque toute son offre sportive sur la Premier League, la Formule 1 et le cricket. Seulement trois ou quatre droits majeurs ! J’invite donc tout le monde à regarder les modèles économiques des autres diffuseurs sportifs en France. Quels sont leurs contenus ? Ont-ils une visibilité à long terme ? Sont-ils proportionnés ? Les résultats financiers de ces accords peuvent-ils être obtenus en deux, trois ou quatre ans ? Prennent-ils le piratage aussi au sérieux que nous ?

Parfois, beIN Sports est encore considéré comme une start-up en France, ce que nous étions en 2012. Mais aujourd’hui, nous sommes dans une situation bien meilleure, nous avons un large catalogue de droits à proposer à nos abonnés, et nous n’avons pas prévu de partir mais de grandir. »

Yousef Al-Obaidly, président de beIN Sports France et directeur général de beIN Media Group, à News Tank, le 26/02/2020.

Yousef Al-Obaidly

• CEO @ beIN MEDIA GROUP

• Président beIN Sports France @ beIN SPORTS France

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Parcours

Depuis novembre 2018

beIN MEDIA GROUP
CEO

Depuis mai 2014

beIN SPORTS France
Président beIN Sports France

Janvier 2018 - février 2020

Association pour la protection des programmes sportifs (APPS)
Président

Janvier 2014 - novembre 2018

beIN Media Group
Deputy CEO

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Fiche n° 2520, créée le 06/03/2014 à 15:36 - MàJ le 26/02/2020 à 10:53

beIN SPORTS France

Activité : groupe de télévision sportive payante (rebranding d’Al-Jazeera Sport le 01/01/2014)
• Première chaîne beIN Sport lancée en France, en juin 2012

Actionnariat : beIN Media Group via beIN Europe Limited
Président beIN SPORTS France : Yousef Al-Obaidly

Principaux droits football :

• Ligue 1 McDonald’s (2024-2029) : un match par journée (100 M€ par an)
• Coupe de France (2022-2026) : intégralité à partir des 32èmes de finale
• Ligue 2 BKT : 2020-2024 : les deux meilleures affiches chaque journée (30 M€ par an), 2024-2029 : intégralité et exclusivité (40 M€ par an)
• LALIGA EA Sports (2021-2024, droits prolongés en 2024-25)
• Bundesliga (2021-2025)
• Serie A Enilive (2021-2024)
• Euro Espoirs 2023
• Liga Portugal Betclic (depuis 2023-24)
• Euro 2024 et Euro 2028
• EFL : diffuseur dans 27 pays dont la France de la Carabao Cup, du Sky Bet Championship (2^e division), de la Sky Bet League One (3^e division) et de la Sky Bet League Two (4^e division) jusqu’en 2027-28

Principaux droits TV (hors football) :

• Sport US : NBA (jusqu’en 2025), NFL (depuis 2012), NHL (depuis 2023), MLB, WNBA, NCAA (Foot US et basketball)
• Tennis : Wimbledon (jusqu’en 2028), WTA (hors Grand Chelem, jusqu’en 2026), Coupe Davis et Billie Jean King Cup (depuis 2015)
• Rugby à XV : Coupes d’Europe (100 % des matches des clubs français en Champions Cup, 2 matches par journée de Challenge Cup, cycle 2022-2026), Tournée d’automne (hors matches de l’équipe de France, 2024-2025)
• Handball : Championnats du monde masculin et féminin (jusqu’en 2025), Euro masculin et féminin (jusqu’en 2024), Liqui Moly StarLigue (1ère division masculine, jusqu’en 2025-26), Ligue Butagaz Energie (un match par journée en 2023-24 et en 2024-25)
• Volley : une affiche par journée Marmara SpikeLigue (depuis 2022)

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Catégorie : Médias
Maison mère : beIN MEDIA GROUP

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Adresse du siège

53 Avenue Émile Zola
92100 Boulogne-Billancourt France

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Fiche n° 940, créée le 06/02/2014 à 18:33 - MàJ le 19/11/2024 à 17:29