« Le problème le plus important du football moderne, c’est l’équilibre concurrentiel entre les équipes. Il faut à tout prix maintenir la situation actuelle où chaque équipe peut entrer dans les compétitions. Le rêve doit rester vivant », déclare Aleksander Ceferin, président de l’UEFAUnion des Associations Européennes de Football
, le 18/01/2018.
« Un “salary cap” classique, tel qu’il existe en Amérique du Nord, n’est pas compatible avec les lois européennes. Lorsque des politiciens exigent des actions, ce n’est rien de plus que des déclarations populistes. On nous presse d’agir et lorsqu’on le fait, on nous dit que c’est impossible. Nous devons donc avancer sans aide politique », ajoute Aleksander Ceferin dans le quotidien suisse La Tribune de Genève.
« Nous imaginons une “taxe de luxe” . Son principe ? Si un club dépense plus qu’il ne doit, il va payer une taxe sur la différence. Ce n’est pas un impôt pour le gouvernement, mais pour l’UEFA. Nous devons encore décider comment nous redistribuerons cet argent », explique le président de la Confédération européenne dans cette interview dont News Tank publie ci-dessous l’essentiel.
« Si cela continue, cinq clubs européens présenteront un budget annuel supérieur à un milliard d’euros. Pour moi, ce serait un désastre » (A. Ceferin, UEFAUnion des Associations Européennes de Football
, le 18/01/2018)
La régulation. « Nous allons soit décider de limiter le nombre de prêts, soit les interdire »
• Je vous assure que tout le monde souhaite une régulation : les fans, les médias et même les clubs. Si ces trois groupes le veulent, alors les politiciens le veulent aussi. Pas parce qu’il faut le faire, mais parce que c’est populaire.
• Plusieurs très grands clubs sont venus à Nyon (siège de l’UEFA, en Suisse). Ils m’ont dit : « Nous ne pouvons le dire publiquement, mais s’il vous plaît, faîtes quelque chose. Car on est en train de tuer le football. » Toutefois, il est clair que si nous agissons à l’échelon européen, les ligues devront nous emboîter le pas.
• Le football va rester un business, mais il faut éviter que le fossé ne se creuse. Nos spécialistes du fair-play financier estiment qu’en 2020, si cela continue comme aujourd’hui, cinq clubs européens présenteront un budget annuel supérieur à un milliard d’euros. Pour moi, ce serait un désastre. Certaines (de ces mesures seront appliquées) peut-être dès la saison prochaine.
Les agents. « Une jungle sans règles, où il y a de l’argent sale et des commissions extrêmement élevées »
• La situation est chaotique. Tout le monde peut être agent. C’est une jungle sans règles, où il y a de l’argent sale et des commissions extrêmement élevées… Il est effrayant de voir que certains empochent 20 millions pour une réunion d’une demi-heure. Mais c’est à la FIFAFédération Internationale de Football Association
de réguler cette activité. Il y a des projets.
« Il faut au moins contrôler qui sont les agents pour éviter les criminels »
• Il est nécessaire de poser des limites, notamment concernant le pourcentage des commissions. Même les grands clubs se plaignent désormais des agents. Car ceux-ci arrivent aux négociations et disent : « Vous payez tant, sinon le joueur va voir ailleurs ». Ou alors, ils exigent que les clubs achètent d’autres joueurs et paient une commission pour le groupe.
• Il faut au moins contrôler qui sont les agents pour éviter les criminels. On pourrait réintroduire un système de licence. Mais je ne suis pas naïf : si des personnes se placent derrière des porteurs de licence, on ne pourra pas le contrôler.
La présidence. « Cela va peut-être vous surprendre, l’UEFA n’avait, par le passé, aucune stratégie concrète »
• Etre avocat criminaliste en Slovénie ou président de l’UEFAUnion des Associations Européennes de Football
, c’est un autre niveau. Si vous parlez quand vous avez quelque chose à dire, c’est mieux pour tout le monde. Quand ce sera nécessaire, j’apparaîtrai.
« Si les élections se déroulaient demain, j’obtiendrais plus de 90 % des votes »
• Quand j’ai réalisé le large soutien dont je bénéficiais, cela a été facile. Je me suis focalisé sur le fait de gagner, puis je suis arrivé à Nyon. Et là, je me suis dit : « OK, le travail commence. » Heureusement, il y a une excellente équipe. Et c’est la force de l’équipe qui fait celle du président.
• Si les élections se déroulaient demain, j’obtiendrais plus de 90 % des votes. Je crois que les personnes ont compris que je ne défendais pas mes intérêts personnels. Les prochaines élections se tiendront en 2019. Aujourd’hui, je pense que j’en serai, mais l’on ne sait jamais.
• Pour mener à bien une vision à long terme dans le football, deux mandats sont nécessaires. Mais il faut bien commencer. Nous avons déjà procédé à de nombreuses réformes et nous allons continuer. Nous préparons aussi un document stratégique très important pour le futur. Parce que, et cela va peut-être vous surprendre, l’UEFAUnion des Associations Européennes de Football
n’avait, par le passé, aucune stratégie concrète.
Les instances. « Nous reversons 85 % de nos revenus aux fédérations »
• Tous les leaders puissants sont partis. Vous ne pouvez plus agir comme si l’organisation était la vôtre. Vous ne pouvez plus engager votre cousin et le payer des millions. J’étais avocat criminaliste dans le passé, donc je sais que dans ce monde, désormais, tout finit par se savoir. Les dirigeants impliqués dans les affaires ne l’ont pas compris. Le seul chemin possible est celui de la légalité. Rien ne peut sortir, si rien de répréhensible n’existe.
Aleksander Ceferin, président de l'UEFAUnion des Associations Européennes de Football
, dans La Tribune de Genève, le 18/01/2018
UEFA : limitation pour chaque club du déficit de la balance des transferts dans un projet de « Fair-Play financier 2.0 » (Le Parisien du 20/01/2018)
• Le principe fondamental du fair-play reste le même, à savoir l’équilibre recettes-dépenses. Aucune limite de déficit annuel (30 M€ dans la version actuelle) ne figure toutefois à ce jour dans le projet « FPF 2.0 ».
• La réforme phare, la plus emblématique et la plus spectaculaire consiste à limiter le déficit de la balance des transferts de chaque club.
• La différence entre les achats et les dépenses de joueurs au cours d’une saison serait ainsi fixée à - 100 millions d’euros, un plafond actuellement envisagé par l’UEFA, mais susceptible d’évoluer au fil des prochaines discussions.
• A titre d’exemple, le Paris SG ne serait plus autorisé à dépenser 420 M€ sur le mercato comme l’été 2017 qu’à la condition de vendre de joueurs pendant la même saison pour au moins 320 M€.
• Il est aussi question d’encadrer l’endettement des clubs (une notion ignorée dans le règlement actuel) et de limiter les effectifs à 25 joueurs professionnels.
• Ce projet doit être voté le 24/05/2018 lors d’une réunion du comité exécutif de l’UEFA et appliqué dès la saison prochaine (2018-19).
• Une réunion du comité directeur de l’ECA (l’association des clubs européens) est prévue ce lundi 22/01/2018 à ce sujet, en présence notamment de Nasser Al-Khelaïfi (Paris SG) et de Jean-Michel Aulas (Olympique Lyonnais. Puis une autre, mardi 23/01/2018, au siège de l’UEFA à Nyon, dans le cadre cette fois du Conseil stratégique du football professionnel, qui rassemble des représentants des Ligues, des clubs et des joueurs.
(Le Parisien du 20/01/2018)
Aleksander Ceferin
Vice president @ FIFA
President @ UEFA
• Graduated from the Faculty of Law of Ljubljana (SVN) in 1991
• Foreign languages : English, Italian, Croatian and Serbian.